Les anti-schistes en garde à vue

Le 5 octobre 2011

Réunis sur le lieu d'atterrissage de Nicolas Sarkozy dans les Cévennes, une quinzaine de militants anti-gaz de schiste a été mise en garde à vue. Juste le temps de sa visite et pour un tag qu'ils n'avaient pas réalisé.

Pas de banderoles anti-gaz de schiste à l’arrivée de Nicolas Sarkozy dans les Cévennes mardi 4 octobre ? Rien d’étonnant : la quinzaine de militants réunis pour manifester a été mise en garde à vue plus de trois heures avant que n’arrive le chef de l’État. Mobilisé via les réseaux locaux, le petit groupe avait décidé de s’installer la veille au soir dans le stade de la commune de Mialet (Gard) où l’hélicoptère présidentiel devait atterrir. Ils ont tous été relâchés le mardi en début d’après-midi, après le départ du président de la République du Musée du Désert où il avait prononcé un discours confirmant l’abrogation de trois permis de recherche de gaz de schiste.

Dès lundi soir, vers 18h30, une militante présente sur place a vu débarquer 30 à 40 gendarmes munis de boucliers : « nous étions en rond au milieu du terrain de foot et ils ont commencé à nous courser, rapporte-t-elle. Au bout d’un moment, tout le monde s’est lassé et ils ont lancé : « de toute façon, on vous sortira demain matin ». » A l’ouverture de leur duvet, les anti-gaz de schiste ont pu constater que les gendarmes avaient tenu parole.

Un tag « Sarko dégage » à la bombe de chantier

Plus nombreux et munis de protections anti-émeutes, les gendarmes, présents à sept heures et demi le mardi 5 au matin, ont formé un cordon avant de menotter puis d’emmener un premier militant, bientôt suivi par les autres. Selon un témoignage recueilli par un confrère du Monde.fr, au signal d’hommes en costume-cravate, « probablement du service de sécurité de la présidence ». Tous sont embarqués plus de trois heures avant l’heure prévue de l’atterrissage de Nicolas Sarkozy sur la pelouse communale.

Les militants se voient alors signifier le motif de leur garde à vue : « dégradation de bien public en réunion ». Au matin, en effet, des tags rose brillant « Sarko dégage » étaient apparus sur les vestiaires du stade (voir la photo ci-dessus). Parmi la quinzaine de manifestants, aucun n’avait amené de bombe de peinture, ni n’avait sur lui de traces du “barbouillage”. Celle ayant servi à confectionner les messages d’accueil du président de la République avait été retrouvée au pied du muret puis était passée entre les mains des gendarmes présents sur place sans autre précaution, selon les militants.

Transférés à la gendarmerie d’Anduze, les activistes sont contraints d’attendre dehors, les locaux ne disposant que de deux cellules largement insuffisantes pour accueillir le petit cortège. Alerté par une des prévenus, José Bové contacte la conseillère générale du canton, Geneviève Blanc qui renonce alors à l’invitation du chef de l’État à Alès pour faire un tour à Anduze.

Le gendarme qui les gardait ne faisait pas partie de ceux qui les avaient interpelés. Nous avons contacté le barreau de Nîmes pour demander des avocats pour assister aux interrogatoires. Une seule avocate a pu se libérer, en plus du conseil dépêché par la Ligue des Droits de l’Homme du Gard, les autres étant retenu par le bouclage policier de la ville d’Alès.

Ce n’est que vers midi et demi, à l’heure où Nicolas Sarkozy prend la parole à Alès pour vanter « l’esprit de résistance » des Cévennes qu’arrive le premier des deux avocats : deux prévenus seulement sont interrogés en présence d’un conseil, les autres ayant déjà répondu aux questions des gendarmes.

A quatorze heures, tout le monde est relâché et « pas inquiété » selon les gendarmes. Contacté par OWNI, la mairie de Mialet confirme avoir été prévenue de mesures exceptionnelles mises en place pour la venue de Nicolas Sarkozy mais renvoie à la préfecture pour son organisation. « Dispositif classique », nous répond-on à Nîmes, sans souhaiter donner plus de précision.

De son côté, la conseillère générale Geneviève Blanc n’a guère eu plus de détails sur la procédure, malgré un appel au substitut du procureur : « il y a eu beaucoup de discussions dans la matinée pour qualifier les faits », nous a-t-elle confié. Des débats qui auront en tout cas duré juste assez longtemps pour permettre au président de la République de se réclamer du « courage » des Cévenoles sans être dérangé par leurs inquiétudes.

Les illustrations ont été envoyées par des militants sur place.

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