OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Consommation collaborative: “garçons, un café!” http://owni.fr/2011/08/16/consommation-collaborative-%c2%ab%c2%a0garcons-un-cafe-%c2%a0%c2%bb-starbucks-carte/ http://owni.fr/2011/08/16/consommation-collaborative-%c2%ab%c2%a0garcons-un-cafe-%c2%a0%c2%bb-starbucks-carte/#comments Tue, 16 Aug 2011 15:06:33 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=76311

Il existe une tradition dans les cafés napolitains. Lorsque ceux-ci sont remplis de cols blancs en manque de caféine, prenant leur pause ou discutant affaires, il peut arriver qu’au lieu de faire l’appoint, le client transforme sa monnaie en caffe’ sospeso (littéralement, “café en suspens”). Il permet ainsi au malheureux qui n’a pas de liquide et de boire tout de même son café. Pour cela, il lui suffit de passer la tête et de demander au barman s’il reste un café pré-payé.

Caffe’ sospeso americano

Cette tradition a aujourd’hui traversé l’Atlantique, grâce à un individu et un peu de technologie. Alors qu’il teste une application lui permettant de relier sa carte de paiement chez Starbucks à son téléphone, Jonathan Stark se retrouve confronté à un dilemme: l’application est inutilisable tant sur son iPhone que sur son Nexus. Malin, il fait une copie d’écran de la carte virtuelle depuis l’iPhone pour l’utiliser avec le Nexus. Arrivé au comptoir, il présente l’image, et parvient à payer son café.

Épaté de pouvoir payer avec une simple image, il s’empresse de le raconter à ses lecteurs sur son blog, le 14 juillet au matin. Avec, en illustration, la fameuse image qui lui permettait de payer. Pour que les lecteurs puissent vérifier par eux-mêmes, il a crédité sa carte de 30 dollars et leur a proposé d’essayer dans leur Starbucks habituel.

La carte est vidée rapidement et il remet 50 dollars pour permettre aux habitants de la Côte Ouest d’essayer à leur tour. Le 15 juillet, un de ses amis crédite la carte depuis le site de Starbucks. Le 18 juillet, il créé une API pour permettre aux gens de savoir combien d’argent il reste sur la carte. Une page dédiée, un compte Twitter et une page Facebook suivent rapidement.

Le petit jeu d’un développeur américain devient une “social experiment

Un monde où tout le monde peut avoir du café gratuit n’existe pas. Mais heureusement, des gens créditent régulièrement la carte. La douce vie de l’expérimentation sociale commence, cheminant tant dans les médias technophiles que sur les télévisions. Jonathan Stark doit sûrement y trouver son compte, puisqu’il a l’occasion de parler de lui.

Des jaloux le soupçonnent d’ailleurs de n’être qu’un infâme publicitaire produisant du buzz gratuit pour la plus grande chaîne de cafés au monde. Mais il n’en est rien. La multinationale déclare simplement :

Starbucks n’a pas connaissance du projet de Jonathan Stark, et n’a aucun lien avec lui, ou l’entreprise pour laquelle il travaille. Starbucks pense que son projet est intéressant et nous sommes flattés qu’il utilise Starbucks comme une partie de son expérimentation sur le “paiement en avance”.

Jolie petite histoire donc, qui crée d’ailleurs des émules puisqu’un certain Craig a également mis sa carte à disposition.

Les bobos offrent des cafés aux bobos

Pour autant, la petite anecdote sympathique ne fait pas que des heureux. Sam Odio, un entrepreneur un peu exaspéré par les bons sentiments émanant de cette expérimentation dans laquelle les bobos offrent des cafés aux bobos —“yuppies buy other yuppies coffee” — a décidé de se pencher sur la carte Starbucks de Jonathan, et de la détourner de son objectif initial.

Il crée donc une petite application lui permettant de savoir lorsque la carte en question contient une quantité importante d’argent. Il se rend ensuite dans son Starbucks pour acheter des cartes cadeaux, et réussi ainsi à cumuler 625 dollars.

Il a ainsi mis aux enchères sur eBay une carte contenant 500 dollars. L’intégralité de la somme obtenue sera reversée à une association caritative :

Suis-je le seul à penser que d’offrir à son prochain fix de caféine à un étranger n’est pas ce dont nous devrions nous préoccuper aujourd’hui ?

La réaction de Jonathan Stark face à ce hack ressemble à celle de Dieu après avoir offert la Terre aux Hommes :

J’ai n’ai fait que créer un outil, il n’y a rien à faire. Je pense que les gens n’auront que ce qu’ils méritent, en bien ou en mal.

Car Jonathan lui-même ne crédite plus sa carte et, à la manière du caffe’ suspeso, on suppose que les gens qui s’offrent un café avec l’argent des autres n’hésiteront pas à recréditer la carte par la suite.

Un simple retour d’ascenseur, ou comment comprendre le désarroi de Dieu.

[màj - 19h30] – Le 12 août dans la nuit, la carte de Jonathan a été désactivé, suite à l’action de Sam Odio. Jonathan déclare sur son site que ce n’est que le commencement de quelque chose de plus grand, et que les gens n’hésiteront plus à payer en avance pour d’autres personnes.


Illustration Flickr PaternitéPas d'utilisation commerciale pure9

Publié initialement sur le blog d’Alphoenix

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Coup d’oeil sur la dette américaine http://owni.fr/2011/08/01/coup-doeil-sur-la-dette-americaine/ http://owni.fr/2011/08/01/coup-doeil-sur-la-dette-americaine/#comments Mon, 01 Aug 2011 08:59:45 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=75194 Aux États-Unis, démocrates et républicains sont arrivés à un compromis de dernière minute sur la dette la nuit dernière. Cette dernière atteignait le plafond légal, faisant craindre un défaut de paiement ou une rétrogradation de la note de la dette américaine par les agences de notation. Le Président français, quant à lui, tente de faire voter une “Règle d’Or” dans la Constitution imposant des limites au déficit. La question de la dette permet de proposer un nombre important de visualisations autour de cette question.

Tout d’abord, pour vous faire une idée, le compteur de la dette tourne toujours sur Internet et à Times Square.

La visualisation la plus impressionnante est sans doute celle proposant de voir ce que représente la dette en billets physiques. On se rend compte que les 1,4 trillions de dollars deviendrait le plus haut gratte-ciels de New-York s’ils étaient constitués de billets de 100 dollars.

Le New York Times propose lui de détailler la dette américaine, pour comprendre sa construction dans le temps. Où l’on voit que la partie la plus importante de la dette a été contractée par Georges W. Bush, avec ses nombreuses lois proposant des réductions des taxes. Une autre permet de voir comment, à cause notamment des guerres en Irak et en Afghanistan, le déficit s’est construit dans le temps.

La Maison-Blanche n’a d’ailleurs pas hésité à reprendre les mêmes chiffres et la même présentation, avec une légère différence de couleur. Histoire de bien montrer que Barack Obama ne fait qu’hériter des dépenses colossales de son prédécesseur. Anthony Hamelle souligne d’ailleurs que ces données, montrant les responsables de la dette, ne montrent pas les fenêtres politiques qui auraient permis de la redresser, par exemple. Les données ne disent que ce que l’on les laisse dire.

En France, la question de la Règle d’Or permet de revenir sur le déficit sans toutefois le mettre en image. LeMonde.fr a proposé par exemple deux graphiques dans la même idée que les états-uniens.

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Billet initialement publié sous le titre “Coup d’oeil sur la dette” sur le Datablog d’OWNI

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Parlons boulot, pas politique! http://owni.fr/2011/07/16/parlons-boulot-pas-politique/ http://owni.fr/2011/07/16/parlons-boulot-pas-politique/#comments Sat, 16 Jul 2011 13:00:09 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=73876 Déjà en campagne pour sa réélection en novembre 2012, et à l’occasion du lancement à la Maison-Blanche, par Twitter, de la plate-forme Town Hall, Barack Obama s’est prêté à une interview en moins de 140 caractères. Grâce au hashtag #AskObama, près de 65 000 questions, selon Twitsprout, ont pu lui être posées avant le 6 juillet.

Avant de commencer l’analyse de ces 65 000 tweets, on peut noter tout d’abord qu’encore une fois, Barack Obama s’est inspiré de Ségolène Royal, puisque la veille, elle répondait aux tweets utilisant le hashtag #QASR. Sans d’ailleurs se départir de son flegme face à des questions lui demandant si elle avait “le seum contre Martineen disant :

C’est contre le chômage, les injustices, les précarités, les discriminations, etc, que “j’ai le seum”.

Retournons à la Maison-Blanche. Parmi ses 65 000 questions, un utilisateur de Buzz Feed a repéré les questions les plus “stupides”, souvent posées à Barack Obama par des membres des Tea Parties, lui demandant de produire à nouveau son acte de naissance.

"Où est le vrai certificat de naissance ?"

En temps réel, l’équipe de Twitter à la Maison-Blanche ne posait que les questions les plus partagées, celles ayant été le plus retweetées. Et pour les départager, Mass Relevance fournissait des outils de visualisations et de curation pour éviter les tweets déplacés, notamment.

La questions la plus retweetée concernait la marijuana (4911 retweets) rappelant l’activisme dont avait fait preuve ses soutiens lors de la création du Citizen Briefing’s Book pendant la période de transition du Président-élu. Activisme inutile, puisque le Président n’a pas répondu à cette question. En 2008, il avait signalé qu’il n’était pas en faveur d’une légalisation.

Ce que n’ont pas manqué de remarquer les analystes, c’est la teneur des tweets. Parlant principalement d’économie et de travail, les tweets ne jouent pas du tout dans la même cour que les questions habituelles des journalistes.

Les journalistes parlent-ils trop de politique alors que les citoyens s’intéressent eux des questions plus pragmatiques ?


Article initialement publié sur la datablog d’OWNI

Crédits Photo FlickR CC by-sa Geoff Livingston

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Écrans noir http://owni.fr/2011/07/01/ecrans-noir/ http://owni.fr/2011/07/01/ecrans-noir/#comments Fri, 01 Jul 2011 09:23:03 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=72463

Je me souviens. Je n’achetais pas souvent de journaux, j’étais encore jeune, je sortais du lycée. Je préférais mon ordinateur. Mais bon, on me promettait dans un grand journal en papier de me parler de tous les écrans. Beau défi. J’ai tout de suite acheté. J’ai lu, j’ai même racheté.

Et puis parler d’Internet sur le papier, c’est chouette. Mais finalement, les écrans sont relatés sur des écrans. Je lis, je lis. En 2007, j’envoie un email à Astrid Girardeau, je suis étonné par ses découvertes régulières et elle me convainc de me créer un Netvibes. Je dois à Écrans.fr ma découverte des RSS, c’est déjà pas mal.

En 2008, je dois trouver un stage pour mon master. J’envoie un mail à Erwan Cario pour lui demander si je peux moi aussi partager ma veille. Surtout que je suis depuis quelques jours à peine inscrit sur Twitter où une de mes idoles, sur Twitter, est Alexandre Hervaud, stagiaire à Écrans, lui aussi. Mais j’ai rien écrit, alors je vais ailleurs.

Le site m’assure de longues pauses pas toujours discrète avec ses jeux chronophages, et sans lui, je ne sais pas comment j’aurais survécu au jour le plus chiant du monde.

Et entre temps, d’autres stagiaires défilent, Thibaut Charron qui fait un super rapport de stage où vous pourrez tout savoir sur l’histoire d’Écrans.fr. Et puis Andréa Fradin, qui est trop chouette. Et puis d’autres, mais je les connais pas trop.

En 2009, Écrans était une des têtes de pont de la fronde anti-Hadopi. Je comprenais bien grâce à eux et les autres. Ça m’avait même poussé à montrer ma tête sur l’Internet.

Enquiller les CDD

En 2011, Écrans n’est pas assuré d’avoir un avenir tel qu’il existe actuellement. Ils ne veulent pas renouveler Alexandre Hervaud et Camille Gévaudan et poursuivraient donc avec des précaires, ainsi le dit la pétition. Donc ne pas assurer une stabilité au site.

Selon moi, c’est un peu la preuve que Internet, c’est SERIOUS BUSINESS, et le SB c’est comme un cancer qui détruit ce qu’on aime bien. On ne peut pas rester sur un site à parler d’un truc qui assure 25% des emplois depuis 1995 en étant un peu drôle, il faut prendre un visage et un virage sérieux.

Par exemple, on peut demander à un vieux journaliste qui n’y connaît pas grand chose de parler de l’Internet, avec les conséquences que l’on sait. On peut continuer à lire des titres un peu méprisant, où Rue89 n’est qu’un “site Internet” quand il pourrait être surtout un “média“, un “site d’information” ou Rue89, tout simplement.

Arrêtez le LOL les amis, INTERNET c’est devenu SERIOUS BUSINESS. Grâce à DSK, les journalistes tweetent à la télé et plus “entre petits sapajous” sur l’Internet.

Alors oui, je trouve ça dommage qu’on n’assure pas un peu d’avenir à Écrans.fr, alors que je pense que le site a plutôt trouvé un public. Et qu’il traitait de tout le digital, sans forcément se prendre au sérieux, ce qui est peut-être la seule âme de l’Internet.

Et j’aime pas l’INTERNET-SERIOUS-BUSINESS.

J’en suis là.

Billet initialement publié sur misc.alphoenix.net

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New-York, en courant http://owni.fr/2011/06/25/new-york-en-courant/ http://owni.fr/2011/06/25/new-york-en-courant/#comments Sat, 25 Jun 2011 16:26:07 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=71836 Le plus important avant de faire une visualisation, c’est d’avoir des données. Parmi la foule de données que nous créons chaque jour, il y a celles des sportifs qui veulent sans cesse traquer leurs efforts et leurs “statistiques personnelles”.

L’une des méthodes les plus populaires est celle proposée par Nike avec Nike Plus. Chacun peut partager ses courses, les comparer avec les autres et se féliciter de ses progrès.

Cooper Smith a décidé d’utiliser ces données pour toute autre chose : cartographier New York. À partir d’un milliers de courses faites en hiver 2010 et en améliorant ses résultats grâce à Google Refine, il est en mesure de récupérer dans Processing, un logiciel de traitement graphique, ces images de New York en jogguant. Le résultat, présenté sur son site et repéré par Urbain_ est assez bluffant et permet de voir les lieux les plus fréquentés par les coureurs. Et de deviner la Big Apple sous les données de géolocalisation.

Il s’est penché sur les endroits où les gens courent le plus, ceux où ils s’arrêtent, l’heure à laquelle ces lieux sont foulés. Toutes les images sont disponibles sur son site.

En bonus, un autre vidéo des joggueurs dans New York en fonction du temps.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Article initialement publié sur le datablog d’OWNI
En savoir plus sur les self trackers

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Le futur selon Google http://owni.fr/2011/06/23/le-futur-selon-google/ http://owni.fr/2011/06/23/le-futur-selon-google/#comments Thu, 23 Jun 2011 13:22:37 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=71358

À l’occasion de la journée de radio proposée par SiliconRadio, OWNI et l’Atelier des Médias de RFI se penchent sur la question “À quoi sert le futur ?”.

Vous pouvez suivre ici en direct toute cette journée et nous retrouver entre 22 heures et minuit.


Depuis la création de l’algorithme PageRank en 1998, Google a réussi à devenir le premier moteur de recherche au monde et à passer dans le langage courant. Grâce à la quantité impressionnante de données récoltées par le moteur et en fonction de l’utilisation qu’en font les internautes, Google parvient déjà à prévenir la grippe.

Et si on poussait la logique plus loin et qu’on imaginait que Google pouvait prédire le futur ? En nous inspirant du blog graphique xkcd, nous sommes allés chercher dans Google quelques prévisions sur les 100 prochaines années. Nous avons utilisé les recherches “année XXXX”, “XXXX”, “XXXX verra” et “en XXXX” pour toutes ces années et nous avons ensuite relevé les informations qui nous paraissaient pertinentes dans les premiers résultats.

Futur de Google

Ce qu’il est intéressant de constater, c’est que des astéroïdes vont détruire la planète plusieurs fois. En 2014, 2019, 2028, 2029, 2036 et 2096. La fin du monde est donc de plus en plus lointaine quand on s’éloigne dans le temps.

Soyez heureux de savoir que les États-Unis atteindront Mars en 2035 et en 2037. Que la langue française va mourir en 2061 mais qu’il y aura un milliard de francophones en 2069.

La meilleure nouvelle reste qu’après avoir vécu de nombreuses fois la fin du monde, nous serons tous immortels en 2100.


image CC Don Davis

illustration CC Marion Boucharlat pour OWNI

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Jeunes gays, demain ce sera bien http://owni.fr/2011/06/16/itgets-better-youtube-homosexualite-jeun/ http://owni.fr/2011/06/16/itgets-better-youtube-homosexualite-jeun/#comments Thu, 16 Jun 2011 13:39:44 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=67696 (tous les  liens de cet article redirigent vers des ressources en anglais)

Le 22 septembre 2010, vers 21 heures, la nuit s’installe entre les gratte-ciels. Sur le pont George Washington qui relie le nord de Manhattan au New Jersey, des passants trouvent un porte-feuille contenant un permis de conduire et une carte d’identité. Le jeune Tyler Clementi a sauté quelques minutes plus tôt.

Trois jours avant, le 19, Tyler prévoyait de passer une soirée en compagnie de son copain. Il avait avertit son colocataire qui racontait alors sur Twitter :

Mon colocataire a demandé la chambre jusqu’à minuit. Je suis allé dans une autre chambre et j’ai allumé ma webcam. Je l’ai vu embrasser un homme. Youpi !

Deux jours plus tard, le colocataire poste un nouveau tweet :

À tous ceux qui ont iChat, je vous défie de me rejoindre pour un chat vidéo entre 21 heures 30 et minuit. Oui, ça se reproduit à nouveau.

Sur le forum JustUsBoys.com, dans une conversation retrouvée par Gawker, le jeune Tyler s’inquiétait. Ayant aperçu le message sur Twitter, il demandait aux membres quelle solution trouver pour régler ce problème d’espionnage. Son dernier message sur le site raconte qu’il va remplir un formulaire pour changer de chambre. Le lendemain, il est mort.

“Ça va aller mieux”

Une demie-douzaine de suicides de jeunes homosexuels est très médiatisée en septembre 2010. Dan Savage, chroniqueur pour The Stranger, journal de Seattle, rappelle dans une de ses chroniques que 9 jeunes homosexuels sur 10 se font harceler pendant les années lycées. Jeunes auxquels on peut ajouter ceux dont on suppose l’homosexualité sans qu’elle ne soit avérée.

Il explique ensuite qu’il aimerait aller dans les écoles expliquer que ça peut s’arranger, faire de la pédagogie. Cependant, dans de nombreuses écoles, la porte est fermée aux personnes souhaitant évoquer l’homosexualité. Alors qu’ils viendrait pour raconter la difficulté de faire accepter son homosexualité, certains parents et professeurs considèrent ces interventions comme des convertissements.

J’aurais aimé lui parler ne serait-ce que cinq minutes pour lui expliquer que ça s’améliore ensuite,  mais c’est impossible. Il m’est alors apparu que je pouvais lui parler grâce aux réseaux sociaux.

Devant ce constat, il enregistre avec son mari une vidéo où il explique que, malgré le harcèlement dont ils furent tous les deux victimes à l’école, c’est allé mieux ensuite, ils se sont rencontrés et sont aujourd’hui heureux. Ils ajoutent que, globalement, ça va mieux après. Dan Savage héberge la vidéo sur une chaîne Youtube créée pour l’occasion et intitulée It Gets Better . Il invite ses lecteurs, dans sa chronique, témoigner à leur tour et à déposer leurs messages de soutiens et d’espérance sur la chaîne Youtube à destination des jeunes qui font face à ces problèmes à l’école.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les contributions arrivent alors nombreuses, poussées entre autres, par la médiatisation du suicide de Tyler Clementi qui a eu un écho important au même moment. L’initiative est rapidement relayée par les médias nationaux et  un site est alors construit avec Blue State Digital, cheville numérique de la campagne en ligne de Barack Obama, pour encourager la production et la dissémination des vidéos.

Les personnalités politiques, comme Barack Obama, et de nombreuses entreprises profitent pour témoigner à leur tour et se lancer dans l’aventure It Gets BetterApple, Pixar et Facebook ou Gap ont, par exemple, proposé leurs versions. Tombant parfois dans le gaywashing, telle cette publicité pour Google Chrome utilisant la campagne.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

“Donnez leur de l’espoir”

L’intérêt de cette campagne, selon Mary L. Gray, sociologue et anthropologue, est que Youtube offre un espace de dialogue important et que ces vidéos peuvent sauver quelques jeunes qui y trouvent une aide bienvenue et une occasion d’imaginer leur futur. Les réseaux sociaux permettent un dialogue quand il est parfois difficile de trouver un interlocuteur avec qui parler de sa sexualité près de chez soi.

Parmi les 20 000 vidéos créés depuis le 21 septembre 2010, certains témoignages sont très émouvants comme celui d’un élu de Fort Worth, au Texas qui raconte le suicide d’un jeune lycéen de son administration à l’âge de 13 ans. Il enchaîne ensuite sur une confession sur les difficultés qu’il a rencontré pendant ses jeunes années.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Souffre et attends

Cependant l’opération révèle plusieurs problèmes assez importants raconte Mary L. Gray. Le premier est l’attitude attentiste qu’il suppose : la seule chose qui règlerait les agressions homophobes serait le temps. La campagne, même si elle donne de l’espoir aux jeunes agressés, ne règle pas le problème du harcèlement à l’école et entérine l’idée que celui-ci est irrévocable et normal. Elle suppose également que tout harcèlement est homophobe et que si un jeune fait trop efféminé, et est agressé, c’est qu’il est homosexuel.

L’école est le moment où l’on apprend à devenir des adultes, des citoyens et des employés. Tout comportement ne correspondant pas à ce qui est considéré comme normal peut donc être cause d’intimidation par ses pairs. En France, en mai 2011, Luc Chatel était un des premiers ministres à évoquer publiquement le sujet, en ouvrant les Assises nationales sur le harcèlement à l’École.

Dans cette quête du camarade de classe normal, un des problèmes est celui du genre et de la sexualité. À ce niveau, le lycée, et particulièrement aux États-Unis confie Mary L. Gray, est le lieu où sont produits des rituels permettant de faire apparaître une masculinité et une féminité normée. Notamment en s’affichant avec une petite-amie ou un petit-ami et plus globalement en se comportant comme son genre le suppose.

Un des effets de cette normalisation affichée est que les personnes débordant un peu trop de leur genre sont qualifiées de pédales, de tapettes en France et de sissy ou de fag ou de queer aux États-Unis. Elles sont également brutalisées, poussées dans les couloirs, moquées, et donc exclues. Le suicide devenant quatre fois plus problable chez les jeunes homosexuels.

Témoins trop urbains

Tout au long des vidéos de la campagne It Gets Better, une autre impression assez étrange flotte, celle qui voudrait qu’il faut obligatoirement quitter sa province coincée pour échapper aux autres et rejoindre une ville plus ouverte où les homosexuels peuvent rencontrer des amis et des conjoints. Une vision légèrement bobo de la ville accueillante et de la campagne rustre. Dans les faits, et au moins aux États-Unis, de nombreux homosexuels vivent très bien sans quitter leur village natal.

Peu d’études se sont penchées sur ces homosexuels des champs. Dans son livre retraçant ses recherches, Out in the Country, Mary L. Gray explique que dans chaque comté aux États-Unis on peut trouver des couples homosexuels. Ils sont cependant beaucoup plus discrets que dans les villes. D’une part parce que les combats LGBT —lesbiens-gay-bi-trans—sont plutôt focalisés sur une vision urbaine de l’homosexualité. D’autre part parce qu’ils ne disposent pas des ressources et lieux de rencontres qui pourraient leur permettre d’échanger avec d’autres. Selon ses recherches, Mary L. Gray a découvert que plus tôt les jeunes faisaient leur coming out, plus ils restaient autour de leur lieu de naissance et qu’ils arrivaient à s’arranger avec leurs familles.

Dans un article sur son blog, elle explique qu’une solution, en plus des témoignages émouvants qui nous expliquent que ce sera mieux demain, serait d’essayer que ça soit mieux aujourd’hui. Ou comment It gets better pourrait devenir Make it better.


photo Flickr cc Alexandre Léchenet

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Rick Santorum: pas une référence http://owni.fr/2011/06/14/santorum-google-bombing-sodomie-referencement-sexe/ http://owni.fr/2011/06/14/santorum-google-bombing-sodomie-referencement-sexe/#comments Tue, 14 Jun 2011 09:51:54 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=67756

Un mélange mousseux de matière fécale et de lubrifiant, effet secondaire apparaissant parfois suite à un rapport sexuel anal.

Cette définition presque parfaite méritait un nom. Grâce à un concours organisé par Dan Savage, tenant une chronique sur le sexe pour The Stranger, le terme est trouvé. Il s’agit du santorum. Du nom du sénateur républicain Rick Santorum, candidat à la primaire de son parti pour l’élection présidentielle de 2012. Mais l’histoire est plus compliquée que ça.

Tout commence en 2003, après que Rick Santorum a tenu des propos choquants sur l’homosexualité. Rappelant ceux récents de Brigitte Barèges en France, il assimile l’homosexualité à l’inceste, la pédophilie et compare celle-ci à des comportements bestiaux:

La définition du mariage n’a jamais inclus l’homosexualité. Et il ne s’agit pas que des homosexuels, mais aussi “homme + enfant” et “homme + chien”.

Dan Savage propose alors dans une chronique de redéfinir le terme santorum, de la même façon que le sénateur a redéfini l’homosexualité. Il lance alors un concours parmi ses lecteurs pour trouver la parfaite définition et nommer une position sexuelle en son honneur.

Pendant plusieurs semaines, il publie les meilleures contributions avant de tomber sur celle qui lui semble coller parfaitement, même si elle ne qualifie pas un acte sexuel :

C’était la définition parfaite. Il n’y avait pas de nom auparavant pour cela. Ça n’entrait en compétition avec aucune autre proposition. Ce n’est pas bienvenu. Si vous faite une sodomie correctement, ça n’arriverait pas. Et si ça arrive, c’est un peu tue-l’amour, ce que serait l’arrivée du sénateur dans la pièce au même moment.

Une fois la définition trouvée, il la met en ligne sur SpreadingSantorum.com et attend que le sénateur évoque l’opération pour lui donner de l’importance. Le blog mis en ligne sert également à suivre la dissémination du terme. Et utilise l’aide involontaire du moteur de recherche Google pour propulser son terme en tête des résultats.

Le bombardement Google (ou Google Bombing) est une méthode de référencement permettant de fausser les résultats sur un terme ou une expression précise. En effet, pour qualifier les URL qu’il visite, le crawler utilise entre autres le terme qui décrit le lien. Cette technique avait été utilisée par des militants, par exemple en 2007, où de nombreux internautes avaient fait des liens vers le site de Nicolas Sarkozy grâce au terme Iznogoud. Si bien que lorsqu’on tapait iznogoud, le premier résultat était le site de campagne du Président actuel.

Aujourd’hui, aux portes de la primaire, on peut imaginer le problème de Rick Santorum. Car 8 ans après la création du terme, il apparaît toujours en tête des requêtes et est devenu un vrai nom commun, utilisé de manière régulière. Maureen O’Connor, journaliste pour CNN, parlait en février dernier du problème Google du candidat :

Autant il est facile de cacher un site en particulier au fond des réponses de Google, autant essayer d’enterrer son propre nom est tout simplement impossible.

Car les spécialistes de l’e-réputation semblent impuissant face à cette mixture qui apparaît en première position. Et le terme n’a pas fini de faire parler de lui. Le 9 mai 2011, Jon Stewart, présentateur de The Daily Show, parlait des candidats à la primaire républicaine et soulignait leur manque de popularité. Au moment d’évoquer Rick Santorum, il déclare  :

Peut-être que ce candidat n’aimerait pas que vous le googliez. Et si vous n’avez pas saisi cette blague, allez faire un tour sur Google, santorum veut dire quelque chose d’autre…

Petite annonce qui a fait de ce terme un des plus recherchés sur le moteur de recherche le lendemain, relançant l’intérêt pour le petit problème de référencement du candidat.


image de l’American Congress et captures.

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[DIY-data] La data-girouette des promesses de Sarkozy http://owni.fr/2011/06/03/diy-data-owni-et-usbek-data-girouette/ http://owni.fr/2011/06/03/diy-data-owni-et-usbek-data-girouette/#comments Fri, 03 Jun 2011 06:42:33 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=65842 Billet initialement publié sur le Data blog d’OWNI


Dans le numéro d’Usbek et Rica actuellement en kiosque, OWNI a gentiment hacké deux pages pour lancer le data-journalisme sur le papier. Un peu dans la même veine que le kit de data-visualisation fait maison, notre DA Loguy a concocté, avec l’aide de Jean-Marc Manach et de la rédaction, une belle data-girouette à monter à la maison.

Pour vous éviter de découper dans le beau papier d’Usbek et Rica, nous vous proposons les deux girouettes ici, prêtes à être imprimées et fabriquées.

Le Zef’ de 2012

La première girouette se concentre sur les promesses de Nicolas Sarkozy en 2007. Rappelez-vous.

Ensemble tout devient possible.

Nous reproduisons ici le document.

Voilà ce que ça donne quelques quatre ans plus tard, passés à la moulinette OWNI. La girouette fait coïncider la promesse de Nicolas Sarkozy avec un fait d’actualité. Au hasard : “Je veux être le Président d’une démocratie irréprochable” se retrouve en face de “Un ministre condamné, un autre mis en examen et 30 scandales impliquant le quart de ses ministres“. On s’excuse par avance, on n’a pas fait de mise à jour de l’app-IRL avec les récents événements.

cliquez sur l’image pour la voir en grand format et débrouillez vous pour l’imprimer en A4

Un fait divers, une loi

Saviez-vous qu’en raison de la publication, dans Métro, d’une photo d’un homme s’essuyant le postérieur avec un drapeau de la France en mars 2010, un décret à été proposé par Michèle Alliot-Marie en juillet 2010 pour sanctionner l’outrage au drapeau ? Et qu’à la suite de l’attaque d’un enfant par un Rottweiler a été créé un “permis de détention de chien dangereux” ?

C’est un des rouages de la machine Sarkozy. Utiliser un fait divers pour écrire la loi. Rouage qui a inspiré la seconde girouette.

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La data-girouette est une œuvre conçues grâce aux idées et informations dépistées par Jean-Marc Manach, Alexandre Léchenet, Sylvain Lapoix, Guillaume Ledit et Nicolas Voisin. Mises en forme et en image par Loguy. Publiée par Usbek et Rica.

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Le petit chat au piano est mort http://owni.fr/2011/05/30/le-petit-chat-au-piano-est-mort/ http://owni.fr/2011/05/30/le-petit-chat-au-piano-est-mort/#comments Mon, 30 May 2011 16:08:38 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=65376

Une vidéo d’un chat qui joue du piano ? Tu en es là ?

Il est toujours assez compliqué d’expliquer l’attachement des internautes aux chats. Plusieurs raisons ont été soulevées. Un attachement immarcescible de l’homme au chat, comme en témoigne sa déification par les égyptiens. Ou alors par la place particulière que tient le chat sur les genoux de la personne tapant qui sur sa machine à écrire, qui sur son clavier.

En 2004, les chats font une entrée remarquée dans la blogosphère, avec l’habitude prise par les blogueurs états-uniens démocrates comme républicains, de partager une photo de leur chat tous les vendredis. Habitude tournée au ridicule ensuite par les /b/tards de 4chan, lançant la mode du caturday, dérivé rapidement en lolcat, ces photos de chats, illustrées d’une légende en presque-anglais. Tout ça fut ensuite récupéré sur le site icanhazcheeseburger, empire du LOL états-unien.

Au milieu de ces chats, il en est un qui fait du piano. Vidéo tournée en 1986 par Charlie Schmidt, selon la bible des mèmes Know Your Meme, la vidéo est mise en ligne sur Youtube en 2007. Un chat, déguisé d’un kimono bleu tape sur un clavier.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ce n’est que deux ans plus tard qu’un blogueur, pour illustrer un “fail” dans sa vidéo, c’est à dire une tentative ratée, une chute ridicule, un plantage magistral, incruste les images et la musique du Keyboard Cat.

Play him off, Keyboard Cat.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

“Mets le hors jeu, chat au piano” devient une pastille vidéo utilisée dès lors pour illustrer des “fails”.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cela fait donc 3 ans qu’il rythme les vidéos postées par les internautes, jusqu’à devenir une icône. Il est repris dès lors tel quel, dans des parodies, le consacrant mème à part entière, comme ce Three Keyboard Cat and a Moon, qui mixe un t-shirt ayant fait sensation sur l’image et le félin.

Comme toutes les créations devenues références populaires, il n’a pas fallu attendre longtemps avant que des âmes peu scrupuleuses récupèrent la bête pour espérer en tirer profit. Son réalisateur a déjà ouvert un compte Twitter, permettant de donner un second souffle à la star de 2009.

Mais le pire était encore à craindre. Le chat pouvait perdre tout son crédit, en redevenant un simple joueur de piano, réalisant l’illustration sonore d’une publicité. C’est hélas ce qui est arrivé par la faute de commerciaux sans âme et sans culture.

Dans une pub créée pour promouvoir la pistache, un pastiche de keyboard cat rhabillé en vert (pistache) casse une graine d’un coup de patte. La cible de cette publicité est cependant assez restreinte, car la référence n’est connue que d’un petit nombre de gens.

Quels autres exemples les publicitaires vont trouver ? Un dentifrice sponsorisé par David ? Il semble que cela ait déjà été fait. Le double-rainbow guy qui s’extasie devant Microsoft ? Antoine Dodson, effrayé par les agresseurs qui vante les mérites d’une application surveillant ces mêmes agresseurs ? Que restera-t-il aux internautes ?

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