OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les mauvaises données des marchés http://owni.fr/2012/06/12/les-mauvaises-donnees-des-marches/ http://owni.fr/2012/06/12/les-mauvaises-donnees-des-marches/#comments Tue, 12 Jun 2012 15:40:29 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=113029

Depuis peu, le site data.gouv.fr met en avant sur sa page d’accueil trois sets de données particulièrement attractifs : la liste des attributaires des marchés publics d’État pour les années 2008, 2009 et 2010.

Or ces données contiennent de nombreuses erreurs (montants invalides, cases vides, informations incomplètes, etc.), rendant tout le fichier inutilisable. Une petite boulette qui récuse même la notion de “donnée ouverte” pourtant au cœur même du mouvement Open Data dont se revendique data.gouv.fr.

Simon Chignard, vice-président de la Cantine de Rennes, spécialisé sur ce sujet, donne la définition d’une donnée ouverte dans son livre L’open data, comprendre l’ouverture des données publiques :

Pour qu’une donnée soit ouverte, elle doit répondre à trois grands critères :

  • techniques : les données brutes doivent être exploitables de manière automatique (i.e. par des programmes informatiques) et mise à disposition dans des formats les plus ouverts possibles et non propriétaires (par exemple : on privilégie le format .csv à .xls d’Excel),
  • juridiques : les licences doivent clarifier les droits et les obligations des détenteurs et des réutilisateurs de données, elles doivent être les plus ouvertes possibles (par exemple : obligation d’attribution ou de partage à l’identique),
  • économiques : peu ou pas de redevances tarifaires (susceptibles de constituer des freins à la réutilisation), tarification maximale au coût marginal, …
  • Les explications d’Etalab

    L’interlocuteur de référence sur ce sujet est Etalab, mission mise en oeuvre par le Premier Ministre François Fillon, en mai 2011 pour la création et de la gestion de data.gouv.fr. Bien que créée sous le gouvernement précédent, Etalab reste néanmoins en charge du portail, avec l’élection de François Hollande. La Charte de déontologie du gouvernement Ayrault, signée par les ministres, fait clairement mention de leur engagement envers l’Open Data :

    Plus généralement, le gouvernement a un devoir de transparence. Il respecte scrupuleusement les dispositions garantissant l’accès des citoyens aux documents administratifs. Il mène une action déterminée pour la mise à disposition gratuite et commode sur internet d’un grand nombre de données publiques.

    Owni a donc demandé à Etalab des explications sur les erreurs rencontrées. Romain Tales, responsable du recensement des données publiques, précise le parcours de publication sur data.gouv.fr :

    Conformément à la circulaire du 26 mai 2011 instituant Etalab, un coordinateur a été nommé par ministère pour définir et transmettre les données à publier. Ce coordinateur initie les différents contacts dans les services, les directions, les bureaux, reliés à son ministère. Il peut ensuite créer une “équipe” qui a accès au back office du site. Cette “équipe” est globalement autonome sur le back office. Une personne est responsable de charger le jeu de données à mettre en ligne.
    Ce jeu de données est ensuite soumis à validation : relecture, vérification du contenu, des méta-données, etc. Jusqu’à trois personnes peuvent valider ce jeu de données avant que le responsable de publication de data.gouv.fr ne le publie définitivement.

    La France entr’ouverte

    La France entr’ouverte

    L'État a lancé son site data.gouv.fr. La France, enthousiaste, ouvre donc ses données publiques comme les États-Unis. ...

    La personne pouvant répondre précisément sur les erreurs du jeu de données ne dépend donc pas directement d’Etalab mais du ministère concerné. Dans ce cas, il s’agit du ministère du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’Etat, plus précisément le SAE – service des achats de l’Etat. Romain Tales nous assure les avoir contactés et être, plus de 72 heures après notre premier appel, sans retour de leur part.

    Owni n’est pas le seul à avoir relevé des incohérences dans ces jeux de données : des internautes l’avaient d’ores et déjà exprimé sur le forum mis à disposition par data.gouv.fr. Les commentaires relevaient notamment des données incomplètes et “des valeurs extrêmes étranges”.

    Le modérateur d’Etalab poste à chaque fois la réponse suivante (dernière en date : 5 mai 2012) :

    Bonjour,
    Le Ministère du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’Etat a pris connaissance de ce dysfonctionnement.
    Nous ne manquerons pas de vous tenir informé dès que le problème sera résolu.
    Merci pour votre contribution sur data.gouv.fr

    Sans éléments précis de réponse sur ce jeu de données, Romain Tales conclut néanmoins :

    Le processus que nous avons mis en place est fait pour éviter ce genre de situation. Le problème avec ce jeu de données sur les marchés publics est plutôt l’exception, passée au travers des mailles du filet. Mais l’ouverture et la publication des données est encore quelque chose de nouveau, et de complexe, avec lequel nous devons nous familiariser.

    Dommage que les mailles du filet aient laissé passer autant d’erreurs, sur un jeu de données aussi emblématique. Florilège des plus importantes.

    Des montants surréalistes

    Par exemple, le rectorat de Montpellier aurait publié un marché ayant pour objet “la localisation de données pour relier l’ensemble des sites du Rectorat de l’Académie de Montpellier”, attribué à France Telecom, pour un montant de plus de 30 milliards d’euros.

    Owni a retrouvé le réglement de consultation accompagnant la publication de ce marché : il stipule que le montant minimum de cette opération sera de 30 000 euros et le montant maximum de 120 000 euros. Voilà d’où viennent donc les 30 milliards d’euros : 30 000 + 120 000 ont été accolés dans le fichier publié par data.gouv.fr.

    D’autres montants semblent très suspects dans le fichier :

  • plus de 1,4 milliard d’euros a été attribué à l’entreprise AMD Multicom pour “l’impression des documents (brochures, affiches et dépliant) du plan académique de formation et des innovations de l’académie pour 2009″, toujours pour le rectorat de Montpellier ;
  • 300 millions d’euros auraient été attribués par la préfecture des Hauts-de-Seine et les sous-préfectures d’Antony et Boulogne-Billancourt, pour de la location et entretien de vêtements.
  • Le jeu de données 2010 comportant 16 231 lignes, il est impossible de vérifier l’ensemble des montants à la main. Les anomalies relevées sur quelques unes des lignes jettent donc le discrédit sur l’ensemble du fichier.

    52 % des marchés

    Sur ce même jeu de données, 7 519 lignes sont renseignées sans aucun montant relatif au marché public passé. A ces lignes sans montant, il faut ajouter les 1 010 lignes pour lesquelles la colonne “Montant” est effectivement remplie, mais de manière erronée : “611193.96partieforfaitaire-sansminimaxi” par exemple. Autrement dit, le montant du marché public est inconnu pour 52 % du fichier.

    Parfois, des cases vides se cumulent : c’est le cas de deux marchés passés par le Ministère de la Défense avec la société Amesys (que nous connaissons bien à Owni) mais dont on ne perçoit ni l’objet ni le montant.

    Sur des pans entiers du fichier, les colonnes ont été décalées : la colonne “Montant” a ainsi été renseignée avec les codes postaux. Pour un grand nombre de marchés publics, impossible donc de savoir qui a passé le marché. Dommage : on aurait adoré savoir quel ministère ou entité publique s’est réabonnée à la revue “La coiffure de Paris”.

    Si les erreurs relevées sur ce fichier ne peuvent servir de référence à la qualité des 352 431 jeux de données publiés sur data.gouv.fr ; leur accumulation, sur un fichier aussi emblématique de l’Open Data que les marchés publics et mis en avant sur la page d’accueil du site, mérite réflexion.


    Analyse réalisée avec Nicolas Patte.
    Photo Flickr CC Hans Gerwitz (by-sa)

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    http://owni.fr/2012/06/12/les-mauvaises-donnees-des-marches/feed/ 13
    Crédibilité: Hollande 56% Sarkozy 44% http://owni.fr/2012/04/29/credibilite-hollande-56-sarkozy-44/ http://owni.fr/2012/04/29/credibilite-hollande-56-sarkozy-44/#comments Sun, 29 Apr 2012 09:39:57 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=108369 OWNI ont vérifié 132 déclarations chiffrées de Nicolas Sarkzoy et François Hollande prononcées au cours de leurs derniers débats ou discours. Voici le bilan détaillé de leurs erreurs et approximations. En passant par l'Espagne et le RSA (pour lequel les deux se trompent). Au classement de crédibilité OWNI i>Télé, François Hollande creuse l'écart avec Nicolas Sarkozy, avec 56% de déclarations exactes contre 44% pour le président sortant.]]>

    Depuis quelques jours, les deux candidats, Nicolas Sarkozy et François Hollande abreuvent à nouveau leurs discours ou interviews de références chiffrées. Avec un sens de l’exactitude très relatif. Au classement du Véritomètre, l’application web qui vérifie l’exactitude des déclarations chiffrées des deux candidats à la présidentielle, l’écart se creuse : François Hollande reste en tête avec 56 % de crédibilité, quand Nicolas Sarkzoy se situe à près de 12 points derrière lui, à 44,3 %.

    Durant cette dernière semaine, l’équipe du Véritomètre a vérifié 132 citations chiffrées de ces deux candidats. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention (l’intégralité des 132 vérifications est accessible ici, sur les pages du Véritomètre).

    Le président et son bilan

    Les Français ont été mieux protégés de la crise que leurs voisins européens : c’est l’un des arguments phare de la campagne de Nicolas Sarkozy. Sauf qu’il exagère parfois nettement l’impact de ses mesures. Ainsi affirmait-il sur France Info le 25 avril :

    Le RSA a permis à 600 000 familles de sortir de la pauvreté.

    Faute de référent clair, la “pauvreté” évoquée par Nicolas Sarkozy correspond sans doute aux personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté – fixé à moins de 60 % du revenu national médian, soit 956 euros en 2010. Selon le rapport final du Comité national d’évaluation du RSA publié en décembre 2011, 78 000 foyers ont dépassé le seuil de pauvreté en raison de l’apport induit par le RSA.
    Le candidat de l’UMP prend donc de fortes libertés avec les chiffres, en multipliant par 7,7 le nombre de familles sorties de la pauvreté grâce au RSA.

    Autre exagération sur une autre radio du service public. Jeudi 26 avril, invité de la matinale de France Inter, Nicolas Sarkozy évoque son bilan en matière de retraites :

    J’ai veillé à augmenter la pension de réversion, qui avant que je ne sois Président de la République était à 54 % et qui maintenant est à 60 %.

    Pas tout à fait : la pension de réversion correspond à la fraction de la pension qu’un(e) retraité(e) peut toucher à la mort de son(sa) conjoint(e). Comme l’indique le Haut conseil à la famille dans une note du 8 juillet 2010, le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2009 a institué une hausse dans le montant de la pension de réversion du régime général, qui est passée de 54 à 60 % du montant de la pension du conjoint décédé. Si ce taux de 60 % a été effectivement atteint le 1er avril 2012, comme le précise le site Internet du ministère du Travail, cette majoration n’est accessible qu’à certaines conditions : pour les personnes de 65 ans et plus et ne touchant pas plus de 841,45 euros de réversion par mois. Au-delà de ce montant, la majoration de la pension de réversion est diminuée proportionnellement, ce qui implique que tous les retraités ne profitent pas d’une majoration à “60 %”.

    La formulation utilisée par Nicolas Sarkozy est floue : elle sous-entend que la pension de réversion a été “augmentée” pour tous les retraités, alors que seule une part d’entre eux profite effectivement de cette majoration.

    François Hollande taxe Nicolas Sarkozy

    Le candidat socialiste s’est attaqué à l’une des promesses de Nicolas Sarkozy en 2007, qui consistait à ne pas augmenter les prélèvements obligatoires durant son quinquennat. François Hollande comptabilise cependant, lors de son passage à “Des paroles et des actes” sur France 2 le 26 avril :

    Y’a eu 40 taxes qui ont été créées [par le Président sortant].

    Nos confrères du Monde ont recensé, dans un article datant du 25 octobre 2011, le nombre de taxes créées, de hausses de taxes et de niches fiscales supprimées durant le mandant de Nicolas Sarkozy. Pour ce qui concerne les taxes uniquement, ils arrivent à un total de 31, y compris en comptant les taxes votées mais non encore appliquées (comme l’éco-taxe poids lourds qui sera généralisée dans tout le pays en 2013). Il reste encore un peu de marge avant d’atteindre le nombre de 40 taxes créées.

    Décidément, le RSA ne réussit pas aux candidats. Alors que Nicolas Sarkozy exagérait considérablement le montant des personnes sorties de la pauvreté grâce à cette mesure, François Hollande surestime le montant de cette allocation, ou tout du moins manque de précision dans sa formulation. Il évoquait, toujours à “Des paroles et des actes” :

    Le RSA, c’est 700 euros.

    Or, comme de nombreuses allocations, le montant du RSA est calculé en fonction de la situation familiale des personnes. Selon les montants valables pour 2012 publiés sur le site Internet de la CAF, une personne en couple avec un enfant ou une personne seule avec deux enfants vont effectivement toucher 712,40 euros, mais une personne en couple peut monter jusqu’à 997,36 euros alors qu’une personne seule sans enfant ne touchera que 474,93 euros. Les propos de François Hollande sont donc imprécis car ils supposent que l’allocation du RSA est de 700 euros pour tout personne bénéficiaire.

    Le retour des favoris

    On pourrait l’appeler le “kit-chiffres de survie” ou le “set des données chéries”. Tant le candidat PS que le candidat UMP ont leur série de démonstrations chiffrées favorites, qu’ils ont ressortie très régulièrement pendant la première semaine de l’entre-deux-tours.

    Le candidat socialiste a ainsi évoqué à Lorient le 23 avril, sur TF1 le 24 avril ou encore lors de l’émission “Des paroles et des actes” sur France 2 le 26 avril :

    “Il (Nicolas Sarkozy) avait dit que si le chômage atteignait 5 % c’était la réussite de son quinquennat, c’est le double (…) il laisse un pays avec un taux de chômage de 10 % de la population active.

    Les dernières données publiées par Eurostat, l’institut de statistiques européen, donnent raison au candidat socialiste : en janvier et février 2012, le taux de chômage en France s’établit à 10,0%.

    Durant cet entre-deux-tours, Nicolas Sarkozy parle beaucoup de l’Espagne, incarnation, dans son argumentaire, de ce qu’aurait pu être la France sans sa présence à l’Élysée pendant la crise.

    Il évoque ainsi, à Saint-Cyr-sur-Loire, le 23 avril :

    220 % d’augmentation du chômage chez nos amis espagnols après sept années de gouvernement socialiste.

    Invité des “Quatre vérités” sur France 2 le 24 avril :

    Savez-vous combien de chômeurs en Espagne ? 23 %.

    Lors du JT de 20 heures de TF1 le 25 avril :

    Monsieur Zapatero, qui vient d’appeler à voter pour M. Hollande, 220 % d’augmentation (du chômage) en Espagne.

    Et à “Des paroles et des actes” sur France 2 le 26 avril :

    22 % de chômage [en Espagne].

    Or, la réalité du chômage en Espagne décrite par les données officielles est légèrement différente de celle assénée à longueur de discours par Nicolas Sarkozy. Eurostat publie pour le mois de février 2012 un taux de chômage de 23,6 % en Espagne.

    De plus, José Luis Zapatero, Premier ministre du Parti socialiste espagnol a été élu en mars 2004. Après un renouvellement, son mandat s’est terminé le 21 décembre 2011. Selon les données d’Eurostat, le taux de chômage harmonisé en Espagne est passé de 11,2 % en mars 2004 à 23 % en décembre 2011, soit une augmentation de 105,4 %. Même si la hausse du chômage en Espagne entre 2004 et 2007 est considérable, elle est donc loin de 220 %.

    L’écart des résultats

    Les deux candidats ont également régulièrement commencé leurs discours ou interviews par des calculs ou analyses faites sur les résultats du premier tour, comme “La Gauche est à son plus haut niveau depuis très longtemps, 44 %. ou encore presque “18 % (de suffrages exprimés en faveur) de Marine Le Pen (…) c’est 6 millions et demi de Français”.

    Les résultats officiels étant publiés par le ministère de l’Intérieur, on ne s’attendait guère à trouver des incorrections dans ces citations. Et pourtant, un abus de langage peut jouer des tours, comme pour le candidat de l’UMP lors de son discours de Saint-Cyr-sur-Loire le 23 avril :

    les Français sont allés voter à plus de 80 %.

    Un “plus de” de trop : les résultats officiels publiés par le ministère de l’Intérieur évoque un taux de participation au premier tour de 79,47% des inscrits.

    Ou un excès de zêle pour décrire la situation de son adversaire, comme François Hollande à Paris, le 25 avril :

    Le candidat sortant qui arrive cinq points en-dessous de ce qu’avait été son résultat en 2007.

    Toujours selon les données officielles du ministère de l’Intérieur en 2007, Nicolas Sarkozy avait obtenu 31,18 % des suffrages exprimés contre 27,18 % au premier tour de l’élection présidentielle 2012, soit une différence de 4 points.


    Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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    http://owni.fr/2012/04/29/credibilite-hollande-56-sarkozy-44/feed/ 16
    François Hollande choisit ses années http://owni.fr/2012/04/24/francois-hollande-choisit-ses-annees/ http://owni.fr/2012/04/24/francois-hollande-choisit-ses-annees/#comments Tue, 24 Apr 2012 18:14:02 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=107789 OWNI-i>Télé, François Hollande reste devant Nicolas Sarkozy de plus de deux points, avec 55 % de crédibilité.]]> Le classement duVéritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des principaux candidats à la présidentielle, a pris des airs de duel, entre-deux-tours oblige. L’écart entre les deux candidats reste important : François Hollande est en tête à 55 %, Nicolas Sarkzoy pointe à 43,6 %.

    Durant ces dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 22 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Nous nous sommes également intéressés aux documents de campagne qui mettent en scène les données et qui prennent une place cruciale dans les argumentaires des candidats, comme “La lettre aux Français” de Nicolas Sarkozy ou “Le dépôt de bilan” réalisé par le Parti socialiste. Ou encore ce joli tract distribué par la fédération des Hauts-de-Seine. Ces documents feront l’objet d’analyses complètes durant l’entre-deux-tours.

    Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

    François Hollande gauche sur les emplois industriels

    François Hollande aime fustiger la politique industrielle de son concurrent, avec cette donnée clef :

    400 000 emplois industriels qui ont été perdus.

    Répétée à l’envi : lors de son discours de Lorient le 23 avril, dans l’émission “Parole directe” de TF1 du 18 avril, mais aussi chez Christophe Barbier sur i-Télé le 10 avril, ou encore pendant son discours de Mont-de-Marsan, le 29 mars…

    Or ce chiffre est incorrect : selon l’Insee, la France est passée de 3,6391 millions d’emplois industriels au premier trimestre 2007 à 3,2957 millions au dernier trimestre de 2011. Soit une perte de 343 400 emplois et non 400 000.

    Etonnement, le PS semble mieux renseigné que son candidat : le tract évoque un chiffre plus proche de la réalité, de 350 000, dans un graphique mettant en scène l’histoire des emplois industriels en France entre 1993 et 2002.

    L’Insee (source indiquée par le Parti socialiste) nous gratifie des données par trimestre, depuis 1970. En calculant, pour plus de visibilité, la moyenne par année, les chiffres donnent le graphique suivant.

    Le graphique ne présente pas une réalité considérablement différente de celui du PS. En revanche, il montre bien que les emplois industriels chutent depuis les années 1970, à l’exception d’une remontée entre 1988 et 1990, ainsi qu’entre 1999 et 2001.

    De plus, les données semblent contredire l’argumentaire socialiste selon lequel les gouvernements de droite font perdre des emplois industriels, ceux de gauche en créent. Sous François Mitterrand, la situation n’est pas vraiment meilleure : entre 1981 et 1988 (gouvernements Mauroy et Fabius), la France a perdu 504 000 emplois industriels, soit davantage même que pendant la présidence Sarkozy.

    Le PS doit cependant se baser sur d’autres chiffres. Car les chiffres de l’Insee ne donnent pas les mêmes résultats que ceux présentés sur le tract. Que ce soit en calculant par année, ou par trimestre (en prenant le second trimestre, celui durant lequel ont généralement lieu les investitures, comme référence), impossible de retomber sur les éléments présentés par le tract socialiste :

    Non seulement le PS semble exagérer les chiffres pour les périodes 1993-1997 et 1997-2002, mais en ne présentant les données que depuis 1993, ils sous-entendent un lien entre gouvernement de droite et perte des emplois industriels invalidé par les données historiques.

    François Hollande oublie les DOM-TOM

    Selon l’argumentaire du PS et de son candidat, Nicolas Sarkozy est également responsable de la hausse du chômage. Comme François Hollande l’évoquait à Lorient le 23 avril :

    C’est celui qui a laissé le chômage atteindre 10 % de la population active.

    Les derniers chiffres de l’Insee indiquent en effet pour le quatrième trimestre 2011 un taux de chômage de 9,4 % en France métropolitaine et 9,8 % en tenant compte des territoires d’Outre-Mer.

    Son tract de campagne est plus précis, présentant là aussi une période historique, mais plus restreinte que celle mise en avant sur les emplois industriels. Sur ce graphique, le PS se concentre uniquement sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

    Le graphique indique la source (Dares) et fait plus ou moins référence à la catégorie de demandeurs d’emploi représentée ici en parlant de personnes “sans emploi ou en emploi précaire”. Cela peut correspondre aux catégories A, B et C : personnes sans emploi (catégorie A), ayant exercé une activité réduite courte, d’au plus 78 heures au cours du mois (catégorie B), ou une activité réduite longue, de plus de 78 heures au cours du mois (catégorie C).

    Les chiffres présentés par le PS correspondent à ceux relevés par la Dares qui dénombrait 4,2786 millions de demandeurs d’emploi en février 2012 (dernières données disponibles) ; 3,840 millions en décembre 2009 ; 3,249 millions en décembre 2008 et 3,093 en décembre 2007.

    Pour les années 2010 et 2011 par contre, si les données restent dans l’ordre de grandeur évoqué par le PS, difficile de savoir quel mois de référence ils ont choisi. Car en décembre 2010 la Dares recense 4,0309 millions de chômeurs et non 4,05 ; et 4,2534 millions en décembre 2011 et non 4,27.

    Et surtout, les données présentées par la Dares ne prennent en compte que la France métropolitaine. Le (peut-être) futur président de tous les Français oublie donc une large partie du territoire.

    Une balance floue

    Le dernier graphique présenté par le PS sur son tract n’est pas très précis : les valeurs ne sont pas indiquées, seule l’échelle de gauche permet de donner une idée du montant du solde du commerce extérieur en France.

    L’équipe du Véritomètre avait déjà inséré les données relatives à la balance commerciale de la France dans l’application, issues de l’Insee et non de l’ONU comme le source le tract du PS. Mais les tendances évoquées sont les mêmes :

    Cependant si l’on reprend la tendance large évoquée par l’Insee, on voit que les années où la Gauche était au pouvoir présentent également en dents de scie.

    Les données issues de ce tract, que le PS s’est pourtant donné visiblement la peine de chercher, sourcer, scénariser et représenter graphiquement, ne sont pas celles que l’on retrouve pour la visualisation interactive du PS intitulée “Le dépôt de bilan de Nicolas Sarkozy”. Nous aurons l’occasion de revenir également sur ces chiffres.


    Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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    http://owni.fr/2012/04/24/francois-hollande-choisit-ses-annees/feed/ 3
    Eva Joly défiscalise Bettencourt http://owni.fr/2012/04/18/eva-joly-defiscalise-bettencourt/ http://owni.fr/2012/04/18/eva-joly-defiscalise-bettencourt/#comments Wed, 18 Apr 2012 16:19:37 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=106689 OWNI-i>Télé de crédibilité des six principaux candidats à la présidentielle, Nicolas Sarkozy écope pour la première fois de la dernière place avec 43,4 % de crédibilité.]]>

    Bouleversement depuis ce matin dans le classement du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle.

    Nicolas Sarkozy atteint la dernière place, délogeant Marine Le Pen qui y était quasiment indétrônable depuis le lancement du Véritomètre (15 février 2012). Avec 43,4 % de crédibilité, le président-candidat reste proche de la candidate du Front national (44 %) et de François Bayrou (44,7 %). Peu de changement par contre dans le trio de tête : Jean-Luc Mélenchon garde une longueur d’avance avec ses 63,5 %, devant Eva Joly (59,2 %) et François Hollande (54,3 %).

    Durant ces dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 36 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

    Eva Joly s’occupe du contrôle fiscal

    Lors de son interview sur France Info le 17 avril, Eva Joly s’est plongée dans l’histoire des contrôles fiscaux :

    Je vous rappelle que madame Bettencourt n’a pas été contrôlée pour les impôts depuis 1995.

    Trouver ce type d’informations pour un parfait inconnu aurait donné du fil à retordre à l’équipe des vérificateurs du Véritomètre. Fort heureusement pour nous, le dossier de madame Bettencourt a fait plusieurs fois les feux de l’actualité.

    Ainsi, un rapport de l’Inspection générale des finances, publié en juillet 2010, précise, dans sa conclusion, que les informations obtenues dans le cadre du contrôle fiscal de François-Marie Banier, notamment de source judiciaire, n’étaient pas de nature à conduire l’administration à déclencher un examen de la situation fiscale personnelle de madame Bettencourt.

    Cependant, l’hebdomadaire Marianne a révélé dans un article publié le 22 juillet 2011 sur son site, que le fisc français avait adressé à l’héritière du groupe L’Oréal, un redressement fiscal d’un montant de 11,35 millions d’euros au titre de l’impôt sur le revenu pour les années 2006 et 2007 et 17,64 millions d’euros au titre de l’impôt de solidarité sur la fortune pour les années 2004 à 2007. Le “rappel” d’Eva Joly est donc inexact.

    François Bayrou embellit Giscard d’Estaing

    L’historique de la dette française intéresse décidement beaucoup les candidats à l’élection présidentielle. Alors que François Hollande évoquait un record “de toute l’histoire de la République” pour cette donnée, François Bayrou, invité de “Bourdin 2012″ sur BFM-TV le 17 avril, remontait quant à lui au début des années 1980 :

    En 1981 le pays avait beaucoup de réserves : Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre avaient laissé un pays sans dette.

    Le candidat du MoDem ne semble pas s’appuyer sur les mêmes données que l’Insee, dont les tableaux décrivent une réalité complètement différente.

    Pour l’Insee le “déficit public” correspond au besoin de financement des administrations publiques. Ces dernières étaient en situation de capacité de financement en 1974 (+0,31 % de solde budgétaire) – année d’arrivée au pouvoir de Valérie Giscard d’Estaing. Entre 1974 et 1981, la France s’est trouvée en situation continuelle de déficit budgétaire, de sorte que la dette des administrations publiques au sens de Maastricht représentait 21 % du Produit intérieur brut (PIB) en 1981, comme le notait un rapport d’information du Sénat publié le 9 juin 1999.
    Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre (Premier ministre de 1976 à 1981) n’ont donc pas laissé “un pays sans dette”, mais un pays, où, au contraire, la dette s’est aggravée.

    François Hollande prend l’Italie pour l’Espagne

    Invité de la deuxième soirée “Des paroles et des actes” de France 2 le 11 avril dernier, le candidat socialiste a rapporté avec attention la situation financière de nos voisins latins :

    La crise de la zone (euro) frappe l’Espagne et l’Italie, où les taux d’intérêts ont augmenté.

    C’est ce qui s’appelle un 50-50 ou un mélange des genres. L’OCDE publie en effet tous les mois le niveau des taux d’intérêt de ses pays membres. Pour l’Espagne, François Hollande est à peu près juste : les taux d’intérêts s’élevaient à 5,40 % en janvier 2012, 5,11 % en février et 5,16 % en mars. L’Espagne a donc bien vu ses taux d’intérêt augmenter sur les deux derniers mois. Ce qui n’est pas le cas de l’Italie : les taux d’intérêt passent de 6,54 % en janvier 2012 à 5,55 % en février et 5,05 % en mars 2012.


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    http://owni.fr/2012/04/18/eva-joly-defiscalise-bettencourt/feed/ 5
    Mélenchon extrapole des emplois http://owni.fr/2012/04/17/melenchon-extrapole-des-emplois/ http://owni.fr/2012/04/17/melenchon-extrapole-des-emplois/#comments Tue, 17 Apr 2012 17:37:53 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=106554 OWNI-i>Télé de crédibilité des six principaux candidats à la présidentielle, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy tiennent la dernière place, dans une stricte égalité.]]>

    L’égalité est visuellement parfaite dans les dernières places du classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle. Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy affichent 44,4 % de crédibilité. François Bayrou n’est pas loin de les rejoindre, avec 44,8 %, tandis que Jean-Luc Mélenchon se maintient à 63,3 %, devant Eva Joly (60,6 %) et François Hollande (54,3 %).

    Durant ces dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 49 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

    Jean-Luc Mélenchon prend des heures pour des emplois

    Lors de son discours de Lille le 27 mars dernier, Jean-Luc Mélenchon avait chiffré les conséquences d’une des lois phares du quinquennat de Nicolas Sarkozy : la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (Tepa), sur la défiscalisation des heures supplémentaires.

    400 000 emplois, voilà ce qu’ils vous ont pris en allégeant le prix des heures supplémentaires et en les défiscalisant.

    Aucun document officiel ne chiffre la perte d’emplois liée à la désfiscalisation des heures supplémentaires.
    Les conséquences sur l’emploi sont même très partagées : le rapport au Sénat sur l’économie française et les finances publiques à l’horizon 2013 estime ainsi que “l’impact sur l’emploi de la loi Tepa est ambigu, car il est la somme de deux effets” ; l’un positif sur l’emploi (baisse marginale du coût du travail), l’autre négatif (incitation à allonger la durée du travail).
    Le seul chiffrage qui permette de comprendre d’où vient peut-être le raisonnement de Jean-Luc Mélenchon est celui tenu par Arnaud Montebourg sur Europe 1 en février 2012 : “En 2008, il y a eu 727 millions d’heures supplémentaires, c’est l’équivalent de 466 000 emplois équivalents temps-plein.”.

    En 2011 le nombre d’heures supplémentaires s’est établi à 735 millions, soit l’équivalent de 457 373 emplois. Quand bien même on prendrait en compte ce mode de calcul, Jean-Luc Mélenchon se tromperait de 12,5 %. Mais surtout, avec cette formulation “voilà ce qu’ils vous ont pris, le candidat du Front de gauche établit une équivalence directe entre heures supplémentaires et création d’emplois, ce qui n’est pas n’a jamais été confirmé par les comptes officiels.

    Nicolas Sarkozy s’envole sur le photovoltaïque

    Dans notre chronique quotidienne du Véritomètre du 16 avril, nous vous expliquions comment Nicolas Sarkozy évaluait le chantier de l’éolien en France : en prenant une donnée correspondant à l’investissement de l’ensemble des pays européens pour celui de la France. L’éolien n’est pas la seule énergie renouvelable sur laquelle le président-candidat brasse de l’air. Sur le photovoltaïque, ses données sont également très étonnantes (et incorrectes).

    Lors de sa conférence de presse de présentation de programme, le 5 avril dernier, il exprimait ainsi :

    Depuis que je suis Président de la République, les énergies renouvelables ont été multipliées (…) par 5 pour le photovoltaïque.

    Il n’existe pas une mais plusieurs façons de comptabiliser ce que le président-candidat nomme “le photovoltaïque” : le nombre d’installations de panneaux, la puissance du parc photovoltaïque français ou encore sa production électrique. Consciencieusement, nous avons donc vérifié ces trois pistes. Et aucune ne s’est révélée ne serait-ce qu’approchante de l’estimation fournie par Nicolas Sarkozy.

    Ainsi, le nombre d’installations photovoltaïques est passé, d’après le tableau de bord éolien-photovoltaïque du ministère du développement durable, de 24 583 en 2008 (aucune donnée plus ancienne) à 242 295 fin 2011, soit une multiplication par 9,86.

    Si l’on considère la puissance du parc photovoltaïque français, celle-ci a été multipliée par 40, en passant de 70 MW en 2007 à 2 802 MW fin 2011, selon les données du Syndicat des énergies renouvelables et du tableau de bord éolien-photovoltaïque pour le quatrième trimestre 2011.

    Enfin, d’après les données du ministère de l’écologie et du développement durable, la production d’électricité d’origine photovoltaïque est passée de 0,039 TWh en 2007 à 0,57 TWh en 2010 (dernières données disponibles), soit une multiplication par 14,6. Quelle que soit la donnée retenue, les propos de Nicolas Sarkozy sont donc nettement incorrects.

    Marine Le Pen prolonge Nicolas Sarkozy

    La candidate du Front national faisait partie des invités de la première soirée Des paroles et des actes sur France 2 le 11 avril dernier. Elle s’est livrée à un chiffrage de la carrière politique de son adversaire UMP :

    Ça fait 10 ans qu’il [Nicolas Sarkozy] est en charge de l’immigration.

    Dans sa volonté de démonter le bilan de Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen lui a rajouté des années d’exercice. En effet, le site Internet du ministère de l’Intérieur indique que Nicolas Sarkozy a occupé le poste de ministre de l’Intérieur à deux reprises, entre mai 2002 et mars 2004 puis entre juin 2005 et mars 2007, soit sur un total de 3 ans et demi. Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a été élu à la Présidence de la République le 6 mai 2007, comme le confirme le site de l’Élysée. Au total, Nicolas Sarkozy a donc été “en charge de l’immigration” sur une durée de 8 ans et 7 mois. Et non pendant dix ans.


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    Eva Joly attaque la banque http://owni.fr/2012/04/13/eva-joly-attaque-la-banque/ http://owni.fr/2012/04/13/eva-joly-attaque-la-banque/#comments Fri, 13 Apr 2012 16:03:22 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=105794 OWNI et i>Télé. Morceaux choisis du passage d'Eva Joly.]]>

    Énergie, économie, société : Eva Joly s’est largement appuyée sur ses fondamentaux mercredi lors de son passage à DPDA. Elle a cependant osé une comparaison étonnante alors qu’elle était interrogée par le journaliste François Lenglet sur le financement des 500 000 emplois qu’elle souhaite créer dans le secteur du “mieux-vivre ensemble” (places de crèches, prise en charge de la dépendance, etc.).

    La prise en charge de la dépendance, en année pleine, c’est 8 milliards. Mais Dexia c’est combien ? C’est combien, la catastrophe Dexia ? Je vais vous le rappeler : pour une seule banque, le risque pour la Belgique et la France est de 20 milliards, plus 90 milliards de garanties. La moitié des 20 milliards c’est pour la France. Donc je vous dis, la dépendance coûte moins cher que Dexia.

    En utilisant le terme de “risque”, Eva Joly évoque le coût que le démantèlement de la banque Deixa aurait fait peser sur ces Etats. Pierre Mariani, patron du groupe Dexia, a effectivement cité ce montant lors de son audition devant la commission spéciale du parlement belge, mais il concernait non pas deux pays mais les trois co-actionnaires de Dexia : la France, la Belgique mais aussi le Luxembourg.

    Sur les 90 milliards de garantie, même imprécision dans le détail : le Projet de loi de finances rectificative pour 2011 fait effectivement mention d’une garantie totale de 90 milliards pour la banque Dexia. Mais dont 32,85 sont supportés par la France, 54,45 pour la Belgique et 2,7 milliards pour le Luxembourg.

    Les chiffres bruts de 20 et 90 milliards sont donc corrects, mais le contexte est imprécis.

    Des dépendances

    La candidate s’en sort mieux dans l’évaluation de la dépendance, bien que le chiffrage précis de son coût ne soit pas chose aisée. Les experts réunis par le ministre des Solidarités et de la cohésion sociale pour le débat national sur la dépendance (dont les études ont été synthétisées dans un rapport datant de juin 2011) expliquent qu’il demeure des “données manquantes et (…) certaines faiblesses statistiques”.

    On y apprend qu’il existe différentes définitions de la notion de “dépendance”, comme la “dépendance stricto sensu” qui correspond aux dépenses liées à la perte d’autonomie : APA (allocation personnalisée d’autonomie), exonération des cotisations sociales à domicile, tickets modérateurs, etc. Cette dépendance stricto sensu est évaluée à 8,3 milliards d’euros pour l’année 2010, soit le chiffre évoqué par Eva Joly, à 3,5 % près.

    Dans l’estimation globale de cette mission, le rapport y ajoute les soins (14,5 milliards d’euros), l’hébergement (plus de 10 milliards d’euros), les dépenses spécifiques aux personnes âgées classées en seuil de dépendance GIR 5 et GIR 6 : 1,5 milliard d’euros. Ce qui fait monter la note à 34 milliards d’euros. La démonstration d’Eva Joly selon laquelle la dépendance coûterait moins cher que Dexia n’aurait pas pu se tenir avec de telles données.


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    Joly flambe sur l’électricité http://owni.fr/2012/04/10/joly-flambe-sur-lelectricite/ http://owni.fr/2012/04/10/joly-flambe-sur-lelectricite/#comments Tue, 10 Apr 2012 16:55:03 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=105342 OWNI-I>Télé.]]>

    L’écart est désormais plus que serré au pied du classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle. Seuls 0,5 petits points séparent Nicolas Sarkozy (43,9 % de taux de crédibilité) de la lanterne rouge Marine Le Pen (43,4 %) alors que Jean-Luc Mélenchon conserve sa première place à 61,6 %.

    Au cours des dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 62 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

    Joly s’électrise

    Invitée de Bruce Toussaint sur Europe 1 le 9 avril, la candidate d’Europe-Écologie Les Verts a tenté de préciser les tarifs de l’électricité :

    Le mégawatt heure c’est autour de 60 euros en temps normal.

    Malheureusement pour Eva Joly, l’Observatoire des marchés de gaz et de l’électricité de la Commission de régulation de l’énergie ne comptabilise pas les tarifs “normaux” ; uniquement les tarifs de base et les tarifs de pointe qui s’établissaient respectivement, au dernier trimestre 2011, à 51 et 62 euros.

    L’expression “en temps normal” évoquerait davantage le tarif de base, cependant, le chiffre mentionné par Eva Joly est très proche du tarif de pointe. Ses propos peuvent donc être jugés imprécis.

    Au cours de la même interview, Eva Joly évoque également un tarif exceptionnel :

    Nous nous avons acheté de l’énergie, en février, le 9 février, à 1 700 euros le MW/h.

    Au cours du mois de février, la vague de froid sévissant en France a en effet entraîné une hausse importante du prix du mégawatt heure. Le prix du mégawatt heure a atteint une moyenne de 370 euros sur la deuxième semaine de février avec un record à 1 938 euros le jour évoqué par la candidate.

    Eva Joly est donc correcte… sur la date, mais non sur le chiffre, qui s’éloigne de 12 % du prix effectivement payé pour un mégawatt heure le 9 février dernier.

    L’Europe amoindrie de Nicolas Sarkozy

    Lors de sa conférence de presse de présentation de programme, le 5 avril dernier, le président-candidat a notamment insisté sur un supposé record français :

    La France est le seul pays occidental à n’avoir connu aucun trimestre de récession – le seul -, depuis le deuxième trimestre 2009. Aucun, absolument aucun.

    Concernant l’absence de récession, les propos de Nicolas Sarkozy sont justes. Tout juste mais justes : depuis le second trimestre de 2009, la France oscille entre 0 % (second trimestre 2011) et 0,9 % de croissance, pour une moyenne de 0,34 % sur cette période. Par contre, elle est loin d’être la seule des pays européens à tenir ce record. La Suisse et la Pologne ont réalisé une performance similaire, avec des taux de croissance globalement bien meilleurs : 0,52 et 0,98 %.

    François Hollande oublie les gendarmes

    A plusieurs reprises, François Hollande a évoqué les coupes dans les effectifs des forces de l’ordre durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Il affirme ainsi à Bondy le 26 mars :

    Il y a eu 12 000 suppressions de postes de policiers depuis 5 ans.

    A Boulogne-sur-Mer, le lendemain, 27 mars, il conserve son estimation, mais en y ajoutant les gendarmes :

    Il y a eu 12 000 postes de policiers et de gendarmes qui ont été supprimés.

    Et reformule exactement la même estimation, sous la forme interrogative, à Mont-de-Marsan, le 29 :

    Qui a supprimé 12 000 postes de policiers ou de gendarmes depuis 2007 ?

    Une récente correction bien inspirée. En effet, le projet de loi de finances 2012 (chapitre Sécurité) rapporté au Sénat fait le point sur les effectifs de la police nationale et de la gendarmerie : nombre de postes ETP (équivalents temps plein) ouverts pour 2012 et nombre de postes supprimés sur les dernières années. Ainsi, entre 2008 et 2012, 6 838 ETP de policiers ont été supprimés contre 5 504 en gendarmerie, soit un total de 12 342.

    Quand François Hollande évoque “policiers et gendarmes” comme à Boulogne-sur-Mer et Mont-de-Marsan, ses propos sont effectivement corrects. Par contre, quand il oublie les gendarmes comme à Bondy son évaluation est surestimée de près de la moitié.


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    Bayrou moyen dans l’urgence http://owni.fr/2012/04/06/bayrou-moyen-dans-lurgence/ http://owni.fr/2012/04/06/bayrou-moyen-dans-lurgence/#comments Fri, 06 Apr 2012 15:44:48 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=105170 OWNI-i>Télé, où il reste à presque 15 points d'écart du premier, Jean-Luc Mélenchon.]]>

    Les lignes évoluent, discrètement mais sûrement, dans le classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon, en tête depuis plusieurs semaines, perd 0,5 point suite à la publication de son interview sur France Info où il réalise un score moyen (43 %). François Hollande chute encore davantage que son concurrent de gauche, avec 1,1 point. Dans le bas du classement, l’écart se resserre : Marine Le Pen monte à 43,7 alors que Nicolas Sarkozy n’est plus qu’à 44 %.

    Au cours des dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 48 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

    L’urgence coûte à François Bayrou

    Le candidat du MoDem veut réorganiser les urgences. Un chantier important, explique-t-il, chiffres à l’appui, lors de son discours à Perpignan le 29 mars dernier :

    Il y a 15 millions de personnes qui vont aux urgences tous les ans.

    Le ministère de la Santé publie tous les ans le panorama des établissements de santé qui précise, entre autres, le nombre de personnes admises aux urgences en France métropolitaine. En 2007, elles étaient 16,4 millions, contre 17 millions en 2008 et en 2009 (dernières données disponibles), soit une moyenne de 16,8 millions d’entrées pour ces trois années. Avec ses 15 millions, François Bayrou laisse plus de 10 % de la population des urgences sur le carreau.

    Son évaluation du coût d’une visite aux urgences, dans le même discours, fut plus payante :

    L’urgence à l’hôpital est facturée 250 euros.

    L’unique donnée publique que nous avons trouvée sur ce coût moyen est celui d’une urgence dans un Centre hospitalier universitaire (CHU) – et non dans l’ensemble des hôpitaux de France. Le chiffre provient d’un rapport de la Cour des comptes publié en 2007, qui l’évaluait alors à 262,86 euros. Faute de données publiques plus précises, l’estimation de François Bayrou peut être considérée comme exacte, à 4,9 % près.

    Jean-Luc Mélenchon sous-paye les patrons

    Jean-Luc Mélenchon ne met pas tous les dirigeants dans le même sac. Ainsi évoque-t-il la rémunération de ces derniers le 29 mars, alors invité de France Info :

    Le salaire moyen d’un patron [dans une PME] c’est, dans le meilleur des cas, 4 000 euros.

    Jean-Luc Mélenchon a raison… pour les dirigeants des TPE (très petites entreprises), c’est-à-dire de moins de 20 salariés. D’après une publication de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), s’appuyant sur une enquête de l’Insee publiée en décembre 2011, le salaire moyen d’un dirigeant de ce type d’entreprise s’élevait à 3 891 € mensuels.
    Pour les PME – de 21 à 49 salariés -, la rémunération moyenne des patrons s’établit plutôt aux alentours des 6 297 € mensuels. Soit 40 % de plus que ce qu’évoquait Jean-Luc Mélenchon.

    Eva Joly en touriste

    La candidate d’Europe-Ecologie-Les-Verts s’est offert un petit détour du côté des frontières françaises le 23 mars dernier, lors de la matinale de France Info :

    80 millions de touristes qui passent les frontières [de l'étranger vers la France].

    Les dernières données du ministère du Tourisme lui donnent raison : la France a accueilli 76,8 millions de touristes internationaux en 2009, et 77,1 millions en 2010 selon l’Insee. Eva Joly voit les foules de touristes un peu plus fournies qu’en réalité (de 4 %) mais ses propos restent corrects.


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    Hollande ne passe pas la cinquième http://owni.fr/2012/04/04/hollande-ne-passe-pas-la-cinquieme/ http://owni.fr/2012/04/04/hollande-ne-passe-pas-la-cinquieme/#comments Wed, 04 Apr 2012 18:16:23 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=104933 OWNI-I>Télé le candidat socialiste reste à la troisième place, devancé par Eva Joly à 57,7 % et Jean-Luc Mélenchon (62,1 %).]]>

    Les positions bougent sur les lignes du milieu dans le classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à l’élection présidentielle. François Bayrou continue sa descente avec son discours à Perpignan, évalué à 44 % de crédibilité. Il rejoint sous la barre des 50 % Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen . Jean-Luc Mélenchon tient toujours tête avec 61,2 % de crédibilité.

    Au cours des dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 40 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

    François Hollande revisite la Vème République

    L’adverbe “jamais” dans une citation de candidat alerte toujours l’équipe des vérificateurs. Souvent synonyme d’exagération : “La croissante n’a jamais été aussi faible”, “nous n’avons jamais autant produit de notre histoire”, sa présence augmente donc la probabilité de tomber sur une citation incorrecte. Le 27 mars dernier, François Hollande ne fit pas partie des quelques exceptions à la règle. Lors de son discours à Boulogne-sur-mer, le candidat socialiste déclarait ainsi, un brin dramatique :

    Ce qui s’est passé depuis cinq ans en matière d’emploi et de chômage est le record, hélas, de la Vème République : jamais il n’y a eu autant d’emplois détruits.

    Notre vérification a bien failli tourner court à cause de ce curieux référentiel de temps – la Vème République. Car si l’Insee publie effectivement une série longue sur le nombre d’emplois (salariés et non salariés) en France, celle-ci ne commence qu’en 1989, soit 31 ans après le début de la Vème République.

    Cependant, ces données permettent d’ores et déjà d’invalider les propos de François Hollande : entre 2007 et 2010 (dernières données disponibles), le nombre d’emplois est passé de 26,4854 millions à 26,2416 soit 243,8 milliers d’emplois “détruits”. Sur une tranche temporelle équivalente – 1990 et 1993 -, le nombre d’emplois est passé de 23,2574 millions à 22,7587. La perte d’emplois est deux fois supérieure à celle connue entre 2007 et 2010, avec la “destruction” de 498,7 milliers d’emplois.

    Nicolas Sarkozy multiplie les prestations

    L’argument est vieux comme le monde, du côté droit de l’échiquier politique : les aides sociales que la France octroie aux immigrés créent un appel d’air incessant pour une nouvelle immigration.
    Nicolas Sarkozy l’évoquait dans son discours à Nancy, lundi 2 avril :

    Une immigration qui vienne en France [...] parce qu’elle est tentée par les prestations sociales les plus généreuses du monde.

    Or, selon l’institut de statistiques européen Eurostat, la France est tout juste dans le top 10 des pays les plus généreux en termes de prestations sociales. Avec 7 947 euros par an et par habitant en 2009 (dernières données disponibles), la France se retrouve derrière la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède, l’Autriche et l’Allemagne. Rien que dans l’Union européenne – alors que Nicolas Sarkozy évoque “les prestations (…) les plus généreuses du monde” -, l’affirmation du Président-candidat est incorrecte.

    Le fantasme de l’Allemagne atteint François Bayrou

    Après Nicolas Sarkozy, c’est au tour de François Bayrou d’idéaliser l’Allemagne. Il évoquait, dans son discours de Besançon le 27 mars dernier :

    Dans un très grand nombre de régions allemandes, il n’y a plus de chômage.

    A partir d’un taux de chômage à 3 %, une situation est généralement considérée comme pouvant être décrite “de plein emploi”.

    Selon un rapport Eurostat (EN) “Unemployment in the EU27 in 2010″ de novembre 2011, décrivant la situation de l’emploi dans l’Europe élargie avec une granularité au niveau des régions, il n’existe pas une seule région en Allemagne qui atteigne ce niveau : la “meilleure”, l’Oberbayern, faisant état de 3,6 %. Toutes les autres régions ont un taux compris entre 3,6 et 13,2 % (région de Berlin). François Bayrou est donc largement incorrect en évoquant “un très grand nombre de régions allemandes” qui connaîtrait le plein-emploi.


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    http://owni.fr/2012/04/04/hollande-ne-passe-pas-la-cinquieme/feed/ 3
    Sarkozy manque d’excellence http://owni.fr/2012/03/30/veritometre-sarkozy-manque-internats-excellence/ http://owni.fr/2012/03/30/veritometre-sarkozy-manque-internats-excellence/#comments Fri, 30 Mar 2012 16:21:22 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=104200 OWNI - i>TELE , juste devant Marine Le Pen.]]>

    Peu de mouvement ce jour dans le classement du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à l’élection présidentielle. Jean-Luc Mélenchon continue la course en tête avec 63,4 % de crédibilité tandis que Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen restent englués dans le bas du classement, avec respectivement 43,8 et 41,6 % de crédibilité.

    Ces dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 28 citations chiffrées des candidats à la présidentielle. Résumé des quelques faits chiffrés qui ont retenu notre attention.

    Nicolas Sarkozy en interne

    Le Président-candidat est fier de ses internats d’excellence, établissements créés sous son mandat (en 2008) par le ministère de l’Éducation nationale, et adaptés aux collégiens, aux lycéens et aux étudiants en difficulté scolaire. Il cite leur bilan à plusieurs reprises.

    Lors de l’émission Des paroles et des actes sur France 2 le 6 mars :

    On va vers les 20 000 places en internat d’excellence.

    Puis à l’occasion de l’émission Parole de candidat sur TF1 le 12 mars :

    Nous avons créé les internats d’excellence [...] 20 000 places.

    Il évoque de nouveau ce sujet lors de son meeting de Nantes, le 27 mars. Les termes employés ne sont pas strictement similaires – il parle désormais d’“enfants” et non plus des “places” – mais ils recouvrent la même réalité. Le chiffre évoqué, lui, est divisé par deux :

    Les internats d’excellence (…) qui concernent aujourd’hui 10 000 enfants.

    Dans ces estimations, le Président-candidat joue sur les mots. Il sous-entend tout d’abord que les 20 000 places ont déjà été créées ou le seront dans un futur proche : or ce chiffre constitue, selon le ministère de l’Education nationale et l’Agence de rénovation urbaine, un objectif affiché à horizon 2015. Et concerne des places labellisées “internat d’excellence” qui peuvent donc être créées dans des internats “conventionnels” .

    L’imprécision se retrouve aussi dans le nombre d’élèves concernées par cette mesure. A la rentrée 2011, 10 300 élèves disposaient d’une place labellisée “internat d’excellence” dans un internat “conventionnel”. Mais seuls 2 400 étudiaient dans un “internat d’excellence”.

    Eva Joly bien logée

    La candidate d’Europe-Écologie Les Verts s’intéresse à un autre type de logement que les internats d’excellence, et avec plus de succès que son concurrent de l’UMP. Invitée de la Matinale de Canal+ le 27 mars, elle expliquait :

    [Un logement basse consommation] ça coûte légèrement plus cher. Ca coûte 15 % environ plus cher.

    L’Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie (Ademe), qui travaille entre autres sur le label “Bâtiment basse consommation”, donne raison à la candidate : le coût médian de construction des bâtiments neufs observés dans le cadre du PREBAT (mis en place par le Gouvernement en 2004 et qui vise à aider la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement) se situe à 1 450 euros HT/m2, “soit un surcoût d’environ 15 % par rapport au coût moyen de la construction.”

    Hollande précise les chômeurs

    Une des difficultés que nous rencontrons dans nos vérifications est la très forte utilisation par les candidats du nombre de “chômeurs” alors même que cette définition statistique n’existe pas. L’organisme de référence, la Dares, comptabilise uniquement le nombre de demandeurs d’emploi, selon différentes catégories.

    François Hollande, lors de son discours à Boulogne-sur-Mer, le 27 mars dernier, a fait un effort pour préciser ses propos. Il a ainsi énoncé :

    Et si on veut prendre, uniquement, celles et ceux qui n’ont aucune activité et qui demandent un emploi. Il y a près de trois millions qui sont dans cette situation.

    François Hollande fait ici référence à la catégorie A des demandeurs d’emploi, qui sont ceux étant en recherche active d’emploi et déclarés sans activité. Et son estimation est exacte, à 3,4% près : d’après les dernières données disponibles, les demandeurs d’emploi de cette catégorie étaient 3,1062 millions en février 2012.


    Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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    Illustrations par l’équipe design d’Owni /-)

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