OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Fausses photos vintages http://owni.fr/2011/07/30/fausses-photos-vintages/ http://owni.fr/2011/07/30/fausses-photos-vintages/#comments Sat, 30 Jul 2011 08:59:07 +0000 Nathan Jurgenson http://owni.fr/?p=75022

Billet initialement publié sur CyborgOlogy et repéré par Owni.eu
Nathan Jurgenson, l’auteur de cet article, travaille sur une thèse concernant la documentation de la vie privée et les réseaux sociaux. Il a écrit cet essai en trois parties sur son blog Cyborgology.

Sauf mention contraire, tous les liens de l’article sont en anglais.

1e Partie : Instagram et Hipstamatic

L’hiver dernier, pendant une violente tempête de neige, mes comptes Facebook et Twitter ont été inondés de photos enneigées. Toutes partageaient un point commun (autre que la neige) : elles semblaient avoir été prises avec des Polaroid bon marché ou un appareil argentique, il y a 60 ans. Mais toutes avaient été prises récemment grâce à de nouvelles applications pour smartphone très populaires comme Hipstamatic et Instagram.

Les photos (comme celle ci-dessous) provoquaient immédiatement un sentiment de nostalgie et une sensation d’authenticité qui manque souvent aux photos numériques postées sur les réseaux sociaux. Les photos rétros et vintages ont récemment explosé. Grâce à ces applications, plus besoin de photoshop ou des ravages du temps pour poster une photo bien vieillie.

Dans cet essai, j’espère montrer comment les fausses photos vintages, en apparence banales, illustrent une tendance plus large dans les médias sociaux en général. La fausse photo vintage est au centre de cet essai mais sert surtout d’exemple pour illustrer une tendance plus large selon laquelle les médias sociaux nous forcent de plus en plus à voir notre présent comme un éventuel passé documenté. Mais un retour sur les origines technologiques du phénomène est requis avant de développer ce point.

Hipstamatic a été la première application très populaire à rendre les photos instantanément rétros. Instagram est encore plus puissante avec sa sélection de multiples « filtres », c’est-à-dire différents tons de vintage (quelques filtres pas vraiment vintages sont aussi disponibles). Instagram est aussi équipé d’une couche de réseaux sociaux qui permet aux utilisateurs de partager un flux de photos Instagram avec leurs « amis ». D’autres applications de photographie rétro sont aussi disponibles.

Pourquoi faire ces applications maintenant ? Entre autre chose, elles estompent les images (en particulier sur les bords), ajustent les contrastes et les teintes, saturent ou désaturent les couleurs, floutent des zones pour exagérer une profondeur de champs très courte, ajoutent un faux grain de pellicule, des éraflures et d’autres imperfections, etc. Et – c’est important pour le prochain post – les photos sont pensées pour ressembler à des tirages photos papiers. Beaucoup de nos flux Facebook, Tumblr, Twitter et autres hébergent désormais des fausses photos vintages les unes après les autres.

Pourquoi ces imitations vintages aujourd’hui ?

Cette tendance a été rendue possible grâce à l’essor des smartphones. Parce que la photographie depuis un smartphone est différente de la photographie numérique sur au moins 3 aspects : (1) vous êtes plus susceptible d’avoir constamment votre smartphone sur vous (parfois même en dormant) que votre appareil numérique compact ; (2) l’appareil photo du smartphone fait partie d’un puissant écosystème de logiciels informatiques, composé d’une série d’applications ; et (3) le smartphone est connecté à Internet de façons plus variées et plus souvent que les anciens appareils photo.

Les photos que vous prenez sont donc plus susceptibles d’être sociales (à l’opposé de la seule consommation personnelle) puisque l’appareil photo est maintenant toujours avec vous dans des événements sociaux et, surtout, puisque l’appareil est connecté au Web et existe dans le cadre d’une série d’autres applications sur votre smartphone qui sont souvent capables de délivrer du contenu à divers réseaux sociaux. Outre l’aspect social, les applications rendent l’utilisation de filtres sur vos photos beaucoup plus aisée qu’avec les appareils photo compact ou les logiciels d’éditions sur ordinateur.

Mais cet essai ne s’interroge pas sur la hausse de l’utilisation de la photographie sociale numérique, mais sur ces photos manipulées numériquement spécifiquement pour paraître vintage.

Pourquoi sommes-nous si nombreux à préfèrer prendre, partager et regarder des photos faussement vieillies ?

Est-ce en raison de la qualité de la photo ?

Peut-être, comme l’a noté un autre bloggeur, est-ce la piètre qualité des appareil photos de téléphones qui a mené à l’essor de l’imitation vintage. Peut-être les appareils photos de smartphones ont-ils tendance à produire des photos défraîchies qui deviennent plus intéressantes après être passées au filtre de l’imitation vintage ?

Les photographes savent depuis longtemps que, selon la situation, une photo qui a du grain peut être aussi bonne, voire meilleure, qu’un cliché techniquement parfait. Aujourd’hui tous ceux qui ont un smartphone peuvent prendre une photo intéressante en appuyant seulement sur un bouton supplémentaire. Mais cette explication ne dit pas pourquoi nous estimons que le vintage est intéressant. [Et puis, de nombreux appareils photo de smartphone ont une haute définition].

Poètes et Scribes

Une autre explication de la hausse de la photo imitation vintage pourrait être la façon dont ces applications nous permettent d’être plus créatifs avec nos clichés. Susan Sontag [fr], dans le fabuleux « On Photography » parle de la façon dont la photographie est à la fois une capture de la réalité et une création subjective. Lorsque nous prenons un cliché nous sommes donc à la fois poètes et scribes ; c’est un point que j’ai utilisé pour décrire la documentation de nos vies sur les réseaux sociaux : nous sommes à la fois des scribes qui racontons notre réalité, mais nous le faisons toujours avec la créativité d’un poète.

Donc, si « la photographie n’est pas uniquement lié au souvenir, mais aussi à la création, » alors l’essor des smartphones et des applications photos a démocratisé des outils qui permettent de créer des photos qui mettent l’accent sur l’art et plus seulement sur la vérité. Mais, une fois de plus, cette explication montre seulement pourquoi nous voulons manipuler les photos. Elle n’explique pas pourquoi un si grand nombre d’entre nous choisit si souvent de les manipuler pour leur donner un aspect retro ou vintage.

Lorsque nous prenons une photo, nous sommes à la fois poètes et scribes.

2e Partie : Saisir l’authenticité

Jusqu’à maintenant, j’ai décrit ce qu’est l’imitation vintage et j’ai noté qu’il s’agit d’une nouvelle tendance qui provient des smartphones et a proliféré sur les réseaux sociaux comme Facebook, Tumblr et autres. Mais la question importante demeure : pourquoi les fausses photographies vintage sont-elles si populaires ?

Ce que je veux soutenir c’est que l’essor des fausses photos vintage est une tentative de créer une sorte de « nostalgie pour le présent, » une tentative de rendre nos photos plus importantes et réelles. Nous voulons doter nos vies présentes des sentiments puissants liés à la nostalgie. Et, finalement, cela va bien plus loin que des photos imitation vintage ; la popularité momentanée des photos style-Hipstamatic souligne une tendance plus large de voir le présent de plus en plus comme un éventuel passé documenté. L’expression « nostalgie du présent » est empruntée au grand philosophe du post-modernisme, Frederic Jameson, qui affirme que « nous nous retirons de notre immersion dans l’ici et maintenant […] pour la matérialiser. »

Le terme « nostalgie » a été forgé il y a plus de 300 ans pour décrire une condition médicale de mal du pays sévère, voire parfois fatale. Alors qu’il était rattaché à un phénomène physique, il a mué à l’orée du 19e pour parler d’un phénomène psychologique. Il ne s’agit plus dès lors du simple manque d’un endroit mais aussi du manque d’une époque passée qu’on ne peut jamais revisiter, si ce n’est par les souvenirs. C’est le sujet favori de Marcel Proust : comment des stimuli sensoriels peuvent évoquer des sensations extraordinairement fortes et de vifs souvenirs du passé. Il s’agit précisément là du sentiment nostalgique que ces fausses photos vintage semblent invoquer.

La fausse matérialité : une réalité augmentée

Une des principales façons pour la photo numérique d’invoquer ce sentiment est de ne pas ressembler du tout à une photo numérique. Beaucoup, et particulièrement ceux qui utilisent les applications imitation vintage, connaissent la photographie sous sa forme numérique : prise sur un appareil numérique et conservée et partagée sur des albums numériques et sur des réseaux sociaux comme Facebook. Mais tout comme l’essor et la prolifération du MP3 s’accompagne du retour en grâce du vinyl, l’esthétisme du tirage papier est de plus en plus recherché. Sa matérialité, son poids, son odeur, l’interaction tactile, tout ça donne un sens au cliché qui manque encore au digital.

La façon la plus rapide de faire appel à la nostalgie pour un temps révolu avec la photographie est d’invoquer les propriétés du tirage papier en imitant les ravages du temps, en fanant les couleurs, en imitant le grain du film et ses écorchures, ainsi qu’en ajoutant la bordure typique du tirage papier ou du Polaroid. Cela suit la tendance de ce que j’ai appelé la « réalité augmentée » : le fait que le réel et le numérique s’envahissent mutuellement de plus en plus. Lorsque nous tentons de reproduire l’impression du papier sur nos photos numériques, nous tentons d’acheter le cachet et l’importance de la matérialité.

J’ai noté par le passé cette tendance à attacher une importance spéciale à la matérialité. J’ai commenté le biais qui pousse à considérer les livres imprimés comme plus « profonds » que le texte numérique. J’ai aussi critiqué ceux qui qualifient l’activisme en ligne d’« activisme assis » (« slacktivism ») et ceux qui voient la communication numérique comme naturellement superficielle. Pourquoi accordons-nous une importance spéciale au tirage papier ?

Peut être est-ce parce que le tirage papier était rare. Il fallait plus de temps et d’argent pour produire une photo avant l’apparition de la photographie numérique. C’est l’une des principales différences entre les atomes et les bits : les premiers sont limités, les seconds sont en abondance ; j’ai déjà écrit sur ce sujet. Le fait qu’une photo prise il y a longtemps a survécu lui donne une forme d’autorité que la même photo prise par un appareil photo numérique aujourd’hui n’a pas. Dans tous les cas, la quête de matérialité des fausses photos vintage n’est qu’une des raisons pour lesquelles elles sont devenues si populaires.

Nostalgie et Authenticité

Nous choisissons donc de créer et d’apprécier des photos faussement vintage parce qu’elles semblent plus authentiques et réelles. Nous n’en sommes pas nécessairement conscients lorsque nous choisissons le filtre, ou lorsque nous cliquons sur le bouton « j’aime » sur Facebook ou lorsque nous le rebloggons sur Tumblr. Nous associons l’idée d’authenticité avec les photos vintages parce qu’avant, les photo vintages étaient vraiment vintages. Elles ont résisté aux épreuves du temps, elles montrent un monde passé et, en tant que telles, elles ont gagné une importance.

Les gens sont assez conscients du pouvoir du vintage et du rétro comme vecteurs d’authenticité. Dans son livre « Naked City », Sharon Zukin décrit la récente gentrification des zones urbaines comme une quête d’authenticité. On retrouve chez ceux qui sont nés dans le monde plastique de l’Amérique des banlieues « Disneyifiées » et « MacDonaldisées », cette obsession culturelle de la décadence (comme avec le « decay porn ») et la quête d’une réalité authentique dans notre monde simulé [fr] (comme dirait Jean Baudrillard [fr]).

Les fausses photos vintages qui peuplent nos réseaux sociaux partagent une qualité avec le quartier de Brooklyn et sa poussière authentique : ils conjurent une authenticité dans une époque de simulation et de vaste prolifération des images numériques. De cette façon, les photos Hipstamatic vous placent vous et votre présent dans le contexte du passé, de l’authentique, de l’important et du réel.

Mais, bien entendu, contrairement aux friches urbaines ou à la rareté d’une antiquité hors de prix, l’aspect vintage des photos Hipstamatic ou Instagram est simulé. Nous savons tous que ces photos n’ont pas été vieillies par le temps mais par une application. Ces imitations ont conscience de leur propre imposture (peut être que cette prise de conscience est le « hipster » de Hipstamatic). Les fausses photos vintages sont pareilles à un « diner » [fr] des années 1950 reconstitué aujourd’hui. Elles sont comme le Disney Village ou les faux vieux taxis new-yorkais de l’hôtel-casino New York-New York de Las Vegas. Tous ces exemples sont des imitations qui tentent de rendre les gens nostalgiques d’une époque révolue. Comme dans la descriptions des simulations de Baudrillard, les photos Hisptamatic sont devenues plus vintage que le vintage lui-même ; elles exagèrent les qualités de ce qui fait le vintage et sont donc hyper-vintage.

La seule chose qu’une fausse photo vintage apporte, l’authenticité, est donc niée par le fait qu’il s’agit d’une imitation. Mais cela n’empêche pas ces photos d’évoquer des sentiments de nostalgie et d’authenticité car ce qui est référencé n’est pas « le vintage » mais plutôt « l’idée de vintage », pareille à l’imitation de « diner » ou au Disney Village ; tous ces exemples sont des versions très réalistes de quelque chose d’autre et tous sont capables de causer et d’exploiter des sentiments de nostalgie. Ainsi, être simplement conscient que l’authenticité achetée par Hipstamatic est simulée empêche la fausse photo vintage d’intégrer l’économie du réel et de l’authentique.

3e partie : La nostalgie du présent

L’essor de la fausse photo vintage montre un élément qui peut être appliqué aux médias sociaux en général : les utilisateurs de réseaux sociaux considèrent systématiquement le présent comme un potentiel document qui peut être consommé par d’autres. Facebook fait du présent un éternel « futur passé ». Que ce soit à travers les status de Twitter, les « check-ins » de Foursquare, les critiques de Yelp, ces photos Instagram, ou toutes les autres possibilités d’auto-documentation offertes par Facebook, nous voyons plus que jamais le monde à travers ce que j’appelle « une vision documentaire ».

La vision documentaire est un peu comme l’oeil du photographe qui après avoir pris de nombreuses photos commence à voir le monde toujours comme un potentiel cliché, même quand il ne porte pas son appareil. Cette habitude du photographe d’encadrer et de composer le monde comme une photo est devenue une métaphore pour ceux habitués à la documentation dans les médias sociaux. L’explosion des possibilités de documentation de nos vies, et l’audience promise par les réseaux sociaux, nous ont positionné dans l’optique de vivre notre quotidien avec l’impression constante qu’il sera perçu comme ayant déjà eu lieu. Nous en venons à percevoir ce que nous faisons toujours comme un potentiel document, envahissant le présent avec le passé, pour au final nous rendre nostalgiques de l’ici et maintenant. Il n’y a pas de meilleur exemple pour illustrer ce phénomène que les fausses photos vintage.

Celles-ci demandent à ceux qui les regardent d’oublier leur incrédulité quant à leur authenticité et à leur nostalgie simulée et de voir les clichés – et ce qu’ils montrent – comme étant authentiques et importants du moins par leur référence à « l’idée » du passé. Alors que techniquement toutes les photos, et même tous les documents, conjurent le passé, les fausses photos vintage servent à souligner et rendre d’autant plus clairs nos efforts pour orchestrer nos vies présentes comme un passé déjà synonyme de nostalgie.

La fausse photo vintage est consciente d’être un document. Les photos numériques que nous postons sur nos murs Facebook sont une documentation de notre existence, les fausses photos vintages sont cela et bien plus encore : elles sont aussi une référence à la documentation elle-même. Cette double nature devient une preuve supplémentaire de notre existence. L’essor de la fausse photo vintage et de son partage sur les réseaux sociaux est avant tout un geste existentiel qui s’est développé parce que conjurer le passé crée un sentiment de nostalgie et d’authenticité.

Mais l’ironie ultime est que ces outils, qui, comme tous les réseaux sociaux, aident à nous convaincre que nous sommes réels et authentiques, le font tout en nous empêchant dans une certaine mesure de vivre notre présent ici et maintenant. Pensez à un voyage que vous avez fait accompagné de votre appareil photo, et pensez au même voyage fait sans appareil. La plupart d’entre nous ont déjà voyagé avec et sans un appareil photo et savent que l’expérience est légèrement différente, voire pour certains radicalement différente.

Avec de si nombreuses possibilités de documentation (Facebook, Twitter, Instagram, Yelp, Foursquare, et d’autres), nous vivons toujours, à la fois littéralement et métaphoriquement, un appareil photo à la main. Quand nous découvrons un nouveau bar ou une excellente pizzeria, nous pensons à en faire la critique sur Yelp. Quand nous entendons une conversation amusante nous pensons à la twitter. Lorsque nous sortons avec des amis nous pensons à mettre à jour notre status sur Facebook. Et lorsque nous sommes à un concert nous pouvons être distraits par l’envie de prendre et de publier une photo de l’événement. La semaine dernière, alors que j’avais préparé un petit-déjeuner qui avait l’air particulièrement appétissant, mon premier réflexe a été d’en publier une photo, avant même d’y gouter.

Mon projet de thèse sera d’explorer ces points et de démontrer précisément comment cette nouvelle vision documentaire peut changer notre quotidien. Est-ce que savoir que nous allons nous « check-in » sur Foursquare dans le restaurant où nous allons manger peut changer notre choix de restaurant ? Notre documentation en ligne est-elle seulement le reflet de nos actions ? Ou peut-elle aussi en être la cause ? Pour prendre un cas extrême : j’ai un jour entendu une femme saoule dire dans le métro « le vrai monde c’est là où on prend des photos pour Facebook. » Elle était, je pense, la personne la plus intelligente du wagon.

Que vont devenir les fausses photos vintage ?

Pour conclure, laissez-moi revenir sur les fausses photos vintages en particulier. Je pense qu’elles pourraient n’être qu’un engouement passager. Les fausses photos vintages dévaluent et épuisent leur propre définition de l’authenticité, ce qui présage de leur disparition puisque l’authenticité est leur marque de fabrique et ce qui les a rendu populaires. Produire trop d’imitations du réel pourrait leur nuire et créer une inflation. Les fausses photos vintages ne pourront par exemple plus conjurer l’importance associée à la matérialité si l’aspect vintage devient plus associé aux smartphones qu’aux vieux clichés. La nouveauté s’éteint et la nostalgie disparaît.

Le pire pour Hipstamatic et Instagram est que ces applications ont tendance à homogénéiser tous les clichés qui finissent tous par se ressembler. Dans notre tentative de faire des photos originales et spéciales grâce à ces filtres vintages, nous nous tournons vers des photos qui se ressemblent toutes. Les photos Hipstamatic étaient novatrices et intéressantes, elles sont aujourd’hui à la mode. Bientôt (ou même déjà ?) elles sembleront surfaites et trop évidentes (surtout si les parents des usagers actuels se mettent à poster des fausses photos vintages eux aussi).

Pour être clair, les techniques photographiques comme la saturation, l’estompage ou autres ne sont pas essentiellement bonnes ou mauvaises (par exemple, j’aime beaucoup ces faux clichés vintages). Mais lorsqu’elles sont si souvent utilisées elles apparaissent moins comme un choix artistique et plus comme une tendance (ce que Baudrillard appelle « la logique de la mode »). Le destin ironique qui marque la fin de beaucoup de tendances qui exploitent la notion d’authenticité est que leur popularité tue ce qui les avaient rendues populaires.

L’inévitable déclin (mais pas nécessairement la disparition complète) des fausses photos vintages viendra lorsque nous estimerons ces clichés de plus en plus faux et démodés, niant par la même la sensation d’authenticité qui faisait leur succès. Juste une photo de plus d’une route ensoleillée, d’un bouton d’or ou de vos pieds ?

Traduction par Marie Telling

Illustrations : FlickR CC PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification par Βethan PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification par Alex Estrems, PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par exoskeletoncabaret PaternitéPartage selon les Conditions Initiales par ragesoss PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par exoskeletoncabaret PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification par nikrowell PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par exoskeletoncabaret

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