OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 L’art discret de la contextualisation journalistique http://owni.fr/2010/08/13/lart-discret-de-la-contextualisation-journalistique/ http://owni.fr/2010/08/13/lart-discret-de-la-contextualisation-journalistique/#comments Fri, 13 Aug 2010 08:00:29 +0000 Rubin Sfadj http://owni.fr/?p=24568 Je suis peut-être un grand naïf, mais la différence de traitement de l’information entre la presse française et les publications étrangères n’a jamais cessé de m’étonner. Même lorsque le sujet de l’article relève du domaine factuel le plus aride, je suis souvent frappé par les efforts de “contextualisation” auxquels se livrent, parfois sans même s’en rendre compte, nos journalistes.

Un exemple, avec un fait objectif comme ligne de départ :

L’INSEE a enregistré une baisse de 1,7% de la production industrielle française en juin 2010

Sur cette base, déjà, les titres sont différents selon que l’on se situe d’un côté de la Manche ou de l’autre : pour le Figaro, il s’agit de simplement de “Mauvais chiffres pour la production industrielle en juin” ; le Financial Times, lui, indique beaucoup plus brutalement que “La production industrielle française chute”:

D’entrée, le ton est donné. Pour les uns, la situation est simplement “mauvaise” ; mais on est en période de crise, alors de quoi s’étonne-t-on ? et puis c’était déjà mauvais avant, alors bon… Pour les autres, il s’agit d’une “chute” ; comprendre, la production n’est pas simplement mauvaise : elle est plus mauvaise qu’avant.

Passons aux articles eux-mêmes. Dès le début, le Figaro nous rappelle justement que ces mauvais résultats interviennent “après une hausse en mai”, où les chiffres étaient même “bons”, nous dit-on au paragraphe suivant. Le Financial Times, au contraire, enfonce immédiatement le clou : en juin, la production française a “plongé”, signe d’une “croissance en berne” en comparaison à une “Allemagne résurgente”.

Ainsi donc, l’introduction creuse encore le fossé entre les deux perceptions. Côté français, l’information est replacée dans le contexte d’un précédent mois satisfaisant. Côté britannique, c’est le voisin allemand, apparemment en pleine reprise, qui sert de repère.

Même les citations d’expert sont totalement différentes. Chacun pioche où il le préfère. L’économiste cité par le Figaro, employé par une entreprise pharmaceutique, va jusqu’à parler d’une “dynamique conjoncturelle positive”. Les chiffres de juin sont mauvais, mais relèvent peut-être de l’incident de parcours, dans un contexte “positif”. Celui choisi par le Financial Times, un Français qui officie à la Société générale, parle plutôt de “mauvaise surprise”, et s’inquiète de voir la “croissance en berne avant même que les ajustements budgétaires [comprendre, la rigueur] n’aient fait leur effet”.

En fin d’article, le Figaro achève de convaincre son lectorat en mentionnant que sur le second trimestre 2010, la production industrielle française a tout de même augmenté de 0,8%. Hélas, la comparaison offerte par le Financial Times dès le troisième paragraphe remet cruellement en cause cette appréciation : au second trimestre 2010, la production française a certes augmenté de 0,8%, mais cette donnée est à comparer avec les 5,4% affichés par l’économie allemande.

Tandis que le Figaro termine sur une dernière bonne note — la hausse de la production manufacturière, signe que tout n’est décidément pas gris dans le ciel français —, le Financial Times rappelle pour sa part l’improbabilité des prévisions de croissance officielles : si Paris devait revoir son estimation à 1,5% plutôt que 2,5%, nous dit-on, il faudrait trouver 10 milliards d’euros supplémentaires pour le budget 2011.

Chacun est bien entendu libre de déterminer quelle perception est la plus fidèle à la réalité, quelle contextualisation est la plus complète et la plus honnête. Il ne s’agit pas ici de distribuer les bons ou mauvais points, ni de révéler quelque secret bien gardé.

Mais l’exemple ci-dessus illustre bien à quel point celui qui se contente d’une seule source — ou d’un seul type de sources — regarde le monde avec des oeillères.

Article initialement publié chez Rubin Sfadj

Illustration CC FlickR par @thewtb

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Blogueurs, créez (gratuitement) votre propre application iPhone ! http://owni.fr/2010/02/05/blogueurs-creez-gratuitement-votre-propre-application-iphone/ http://owni.fr/2010/02/05/blogueurs-creez-gratuitement-votre-propre-application-iphone/#comments Fri, 05 Feb 2010 15:22:54 +0000 Rubin Sfadj http://owni.fr/?p=7711

Un petit billet d’autosatisfaction en milieu de semaine, ça ne peut pas faire de mal : après quelques semaines de test, je suis heureux de vous annoncer la disponibilité de ma propre application iPhone !

Au menu : consultation de ce blog, de mon flux Twitter et de mes vidéos YouTube (pas encore très nombreuses). Illustration :

Capture application iPhone

Du point de vue du personal branding, je trouve le concept très intéressant, et pas seulement pour des raisons d’égo. :) Pratiquement tous les journaux et magazines dignes de ce nom ont leur application ; les premiers livres électroniques apparaissent également sous cette forme ; alors pourquoi pas les blogs ?

Cette prouesse technique :) est rendue possible grâce aux services d’une startup sino-américaine, MotherApp, qui permet aux blogueurs de “transformer” gratuitement leur blog en application iPhone. Le blogueur fournit le flux RSS de son blog ainsi que ses identifiants Twitter et YouTube, et MotherApp s’occupe de tout le reste, de la conception de l’application jusqu’à la soumission auprès d’Apple. En deux ou trois semaines, l’affaire est dans le sac, avec en bonus une assistance d’une rare disponibilité.

Pour télécharger l’application, cliquez ici (lien iTunes) ou recherchez “Rubin Sfadj” (sans guillemets) dans l’AppStore à partir de votre iPhone.

N’hésitez pas à me faire connaître vos impressions : que pensez-vous de cette idée ? l’application est-elle bien conçue ? J’attends vos commentaires !

» Article initialement publié sur sfadj.com

» Illustration de page d’accueil par Christopher Chan sur Flickr ]]> http://owni.fr/2010/02/05/blogueurs-creez-gratuitement-votre-propre-application-iphone/feed/ 0 Barack Obama sur la neutralité du net [en/1'27] http://owni.fr/2010/02/03/barack-obama-sur-la-neutralite-du-net-en127/ http://owni.fr/2010/02/03/barack-obama-sur-la-neutralite-du-net-en127/#comments Wed, 03 Feb 2010 11:29:01 +0000 Rubin Sfadj http://owni.fr/?p=7612 À comparer avec les sorties quasi-quotidiennes de membres du gouvernement français sur les dangers de l’Internet …

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Il ne vous aura pas échappé que cette émission proposait au président des États-Unis de répondre, sur YouTube, à des questions posées par des Américains via Internet. Exactement l’inverse, sur la forme comme en termes de concept, de la rencontre du 3ème type récemment diffusée par TF1 entre son homologue français et onze de ses sujets triés sur le volet.

»Article initialement publié sur http://sfadj.com/

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Dette de l’État : la démagogie ne fait plus recette http://owni.fr/2010/01/31/dette-de-letat-la-demagogie-ne-fait-plus-recette/ http://owni.fr/2010/01/31/dette-de-letat-la-demagogie-ne-fait-plus-recette/#comments Sun, 31 Jan 2010 15:35:49 +0000 Rubin Sfadj http://owni.fr/?p=7457

Infographie via http://lefigaro.fr

Selon un sondage Ifop publié  par le Figaro, 72% des Français pensent que la crise ne justifie pas de reporter l’effort de réduction de la dette.

Mieux : 75% des sondés se disent “inquiets” en pensant au déficit public et à la dette de l’État, quand 92% s’accordent à reconnaître la nécessité de “réduire les dépenses”.

Il ne faut jamais désespérer. Voilà qui coupe l’herbe sous le pied d’une classe politique dont la plupart des membres misaient sur le peu d’intérêt des Français pour de si basses questions d’intendance. Et qui achève de démontrer le caractère factice de l’émission de télé-réalité présidentielle sur TF1, au cours de laquelle le mot “dette” n’a pas été prononcé une seule fois. Le président s’y est tour à tour présenté comme un capitaine d’industrie, un spécialiste en agronomie, une assistante sociale… mais en éludant la gestion des finances publiques, il a oublié de jouer son rôle le plus important : celui d’homme d’État.

Les états-majors vont-ils pour autant ajouter la réduction des déficits et la maîtrise des finances publiques à leurs thèmes de campagne pour les élections régionales ?

Wait and see. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle donnée démontre qu’il existe en France un espace politique pour un discours mesuré et responsable en matière de politiques publiques. David Brooks avait décidément raison : les populistes perdent toujours à la fin.

»Article initialement publié sur http://sfadj.com

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La France contre Google http://owni.fr/2010/01/08/la-france-contre-google/ http://owni.fr/2010/01/08/la-france-contre-google/#comments Fri, 08 Jan 2010 10:01:35 +0000 Rubin Sfadj http://owni.fr/?p=6802 Récapitulons :

» Septembre 2009 : Affaire de la BNF. Google est accusé de vouloir piller le patrimoine culturel français.

» Novembre 2009 : Débat sur le “droit à l’oubli”. Google est accusé de violer la vie privée des Français.

» Décembre 2009 : Lancement du Kindle (d’Amazon) à l’international. Google est accusé de spolier la presse française.

» Janvier 2010 : Mission Zelnik. Google est accusé par Nicolas Sarkozy de “ponctionner une part importante” du marché publicitaire français.

Après les banquiers et autres traders (voir : crise économique, moralisation du capitalisme) et après l’islam les immigrés et autres burqas (voir : immigration, débat sur l’identité nationale), le pouvoir, prompt à saisir la balle au bond, a trouvé son nouveau bouc émissaire : Google.

Fondé en 1998 et introduit en bourse en 2004 seulement, le jeune géant du web revêt toutes les qualités nécessaires à l’accomplissement de la mission que vient de lui assigner le chef de l’État : toujours en avance d’un train, très jeune mais déjà institutionnelle, étrangère mais omniprésente, l’entité Google constitue le parfait représentant d’une modernité qui fait voler en éclats un modèle économique et social basé sur la rente, les privilèges et l’interventionnisme.

S’attaquer à Google, c’est donc, pour qui se préoccupe plus d’image que d’avenir, défendre une certaine idée de la France — se battre contre la fatalité. Quel courage ! Reste à organiser la riposte contre l’agresseur.

Pour un dirigeant populiste, il n’y a pas trente-six façons de traiter un bouc émissaire : soit on l’interdit (les immigrés), soit on le taxe (les banquiers). Dans le cas de Google, luxe suprême, on pourra presque se permettre de faire les deux. Après avoir fait part de ses soupçons d’abus de position dominante à l’égard du numéro un de la recherche en ligne — l’Autorité de la concurrence va sévir —, Nicolas Sarkozy a repris à son compte l’idée d’une taxe sur les revenus publicitaires des moteurs de recherche — autant dire une “taxe Google”.

Théoriquement, c’est au ministre de l’économie qu’il revient de saisir l’Autorité de la concurrence, et au Parlement de voter l’impôt. Simples détails techniques.

Tiens-toi bien, Google : la France passe à l’attaque !

» Article initialement publié sur sfadj.com

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Iran : Comment les images de la révolution sont diffusées http://owni.fr/2010/01/04/iran-comment-les-images-de-la-revolution-sont-diffusees/ http://owni.fr/2010/01/04/iran-comment-les-images-de-la-revolution-sont-diffusees/#comments Mon, 04 Jan 2010 14:54:27 +0000 Rubin Sfadj http://owni.fr/?p=6712 [NDLR] Certaines des images qui suivent sont d’une rare violence. Éloignez les enfants de l’écran.

Brett Soloman est le directeur exécutif d’Access, une organisation apparue suite aux élections iraniennes de juin 2009 et qui joue un rôle prédominant dans la collecte, le tri et la diffusion des vidéos qui nous parviennent d’Iran depuis six mois.

Parfaite illustration de la dimension démocratique de l’économie de l’information qui naît sous nos yeux, le travail sans relâche de Brett et de ses équipes doit nous rappeler que les droits et libertés fondamentaux dont nous avons hérité doivent être défendus comme la prunelle de nos yeux et ne sauraient souffrir d’aucun compromis, en ligne comme dans nos rues.

Le texte ci-dessous est issu d’un billet publié par Brett le 29 décembre 2009 sur le blog CitizenTube, dédié aux informations politiques, sociales et d’actualité sur YouTube. Il a été traduit par mes soins avec son autorisation.


La révolution en images
par Brett Soloman

Malgré toutes les tentatives du régime iranien de détruire l’opposition de la rue, il ne parvient pas à arrêter le flot des vidéos en provenance d’Iran. Nous travaillons 24 heures sur 24 pour maintenir les vannes ouvertes — et au point où nous en sommes, il est implacable.

Les images de manifestations dans la rue, de manifestants blessés et de la police secrète changeant de camp sont sur les téléviseurs, les téléphones portables et les écrans d’ordinateur du monde entier. Les images de cette semaine témoignent non seulement de la résilience du Mouvement vert (le mouvement démocratique iranien), mais aussi du pouvoir réel de la vidéo pour propager la dissidence sur place.

Il nous permet, en Iran et au dehors, de nous assurer que le mouvement de contestation demeure vivant, qu’il est actif, et de voir comment le régime y répond. Notre engagement pour la justice est enregistré de façon aussi limpide que leur brutalité.

Notre organisation, accessnow.org, œuvre pour la sauvegarde des vidéos de contestation comme celles ci-dessous contre la censure et les autres formes de manipulation du trafic internet par les autorités iraniennes. Voici quelques-unes de celles publiées par un membre de notre équipe, Onlymedhi, sur sa chaîne YouTube. C’était la quatrième chaîne la plus consultée au monde après les manifestations de dimanche :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

En ce moment même, notre équipe se relaie jour et nuit pour mettre à disposition et agréger les contenus. Nous recevons des vidéos par divers contacts de confiance en Iran — des activistes, des journalistes licenciés, des gens dans la rue. Pour certains, c’est un risque de se connecter et d’envoyer de tels fichiers. Les e-mails accompagnant les vidéos décrivent l’urgence de diffuser ces images. Nous les authentifions, vérifions leur localisation, les dates d’enregistrement et les éventuels risques de sécurité relatifs à leur publication.

Rendre accessible au monde entier une vidéo importante, c’est être à la fois un défenseur des droits de l’homme et un diffuseur. Regardez cette vidéo (attention : images extrêmement violentes) :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

D’autres vidéos que nous trouvons, taguées “Iran” ou “Green Mouvement”, doivent absolument être vues par le monde, mais sont cachées parmi les vidéos de Britney Spears et Kanye West. Ce processus est laborieux mais important. Par exemple, la publication de la vidéo ci-dessous, montrant la brutalité du régime, écrasant sans pitié un citoyen innocent, aurait eu lieu dans l’indifférence générale sans YouTube :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Notre tâche est aussi de propager. Les vidéos sont téléchargées sur les sites de médias sociaux comme Facbeook et sur des sites iraniens clés comme balatarin.com et rahesabz.net. La plupart des gens qui visionnent les vidéos que nous publions sont situés en Iran — ils agissent comme les garde-corps d’une communauté pour laquelle toutes les sources traditionnelles d’actualités indépendantes sont coupées. Nous convertissons également les vidéos au format 3GP. Ceci permet aux vidéos d’être visionnées sur les téléphones mobiles et partagées via Bluetooth en Iran.

Les vidéos exclusives que nous recevons et publions font la une des bulletins d’information sur CNN, la BBC et dans le New York Times. Ces vidéos aident à changer les décisions politiques de par le monde. La condamnation par Obama de “la suppression violente et injuste de citoyens iraniens innocents” s’est trouvée consolidée par les images incontestables. Les gouvernements du monde entier commencent enfin à se rallier.

En raison de la nature de ces vidéos, et en raison de la censure et des autres formes de manipulation du trafic internet menées par le gouvernement iranien, il s’agit d’un processus extrêmement sensible.

La lutte a lieu dans les rues, mais, dans un cercle vertueux, non seulement les vidéos rapportent ce qui s’est passé, mais elles constituent les fondations de chaque prochaine étape du combat pour la justice.

Brett Soloman
Directeur exécutif
Access

» Article initialement publié sur sfadj.com

» Image d’illustration via Ari sur Flickr

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Comment twitter devient un réseau d’information http://owni.fr/2009/11/22/comment-twitter-devient-un-reseau-dinformation/ http://owni.fr/2009/11/22/comment-twitter-devient-un-reseau-dinformation/#comments Sun, 22 Nov 2009 20:24:52 +0000 Rubin Sfadj http://owni.fr/?p=5640 Pas vraiment réseau social, mais plus du tout “microblog”, Twitter devient petit à petit ce que son fondateur appelle un “réseau d’information”.

Au cours d’un incroyable mois de novembre, qui a vu l’apparition de pas moins de cinq nouvelles fonctions, Twitter a renforcé sa spécificité parmi les innombrables services du Web 2.0 : sur Facebook, “l’objet social”, c’est l’utilisateur ; sur Flickr, c’est la photo ; sur Twitter, on peut à présent l’affirmer avec certitude, c’est l’information.

- 30 octobre : les listes ; 5 novembre : les retweets

À une semaine d’intervalle, Twitter a annoncé ces deux fonctions, qui rappellent certains des points forts de Friendfeed.

Avec les listes, il devient possible de regrouper ses amis en autant de groupes que nécessaire pour continuer à y voir clair (en créant des listes privées), mais aussi de créer des listes thématiques permettant à ses amis de découvrir rapidement de nouveaux utilisateurs (avec les listes publiques). Voir par exemple la liste des journalistes du New York Times ; celle des “intellos” de Twitter ; ou encore les 150 bonnes sources de Narvic.

Comme les “replies”, le “retweeting” (republier, en le citant, un message envoyé par un de vos followers) est une fonction née de l’usage, c’est-à-dire littéralement inventée par les utilisateurs de Twitter. En l’intégrant au fonctionnement du service, Twitter résout d’un coup tous les problèmes liés au retweeting : attribution du tweet à son premier auteur, citations tronquées, citations en chaîne devraient disparaître progressivement, au fur et à mesure que les retweets “natifs” remplacent les citations “manuelles”.

- 10 novembre : l’intégration avec LinkedIn

Difficile de dire si cette annonce vise surtout à relancer un réseau en perte de vitesse par rapport à Facebook, LinkedIn, ou à étendre la sphère d’influence de Twitter dans le monde professionnel face à… Facebook.

Peut-être un peu des deux. En tout cas, LinkedIn prend un coup de jeune assez bienvenu, et Twitter met un pied dans le monde professionnel. Mon petit doigt me dit que ce n’est qu’un début : si de nombreuses entreprises voient encore les réseaux sociaux comme un obstacle à la productivité (probablement à tort), aucune ne peut décemment en dire autant d’un réseau d’information.

- 19 novembre : la géolocalisation et Twitter en français

Depuis avant-hier, Twitter permet aux applications mobiles (comme Twitterrific, Tweetie ou encore TweetDeck) d’inclure dans chaque tweet des données de géolocalisation acquises par GPS. En retour, il devient possible, avec ces applications, suivre vos amis sur une carte ou de retrouver ceux qui sont proches de vous. Cette fonctionnalité est l’élément distinctif d’un service de plus en plus populaire parmi les “early adopters” : Foursquare. En l’offrant nativement à ses utilisateurs, Twitter fait d’une pierre deux coups : il surfe sur la vague du “local web” et, en même temps, fait apparaître Foursquare comme un service simplement accessoire (d’ailleurs, le billet placé en lien ci-dessus décrit Foursquare comme une simple “application pour Twitter”).

L’autre aspect du local web, c’est évidemment l’ouverture aux langues étrangères. Certes, à peu près tout le monde parle l’anglais très rudimentaire nécessaire à l’utilisation de Twitter. Mais pour réellement exister à l’international, ainsi que pour évacuer certaines questions d’ordre déontologique, il est évidemment indispensable de parler la langue maternelle de ses utilisateurs.

Pour ses besoins de traduction, Twitter a fait appel aux compétences de ses propres utilisateurs, à l’instar de Facebook. Le résultat, très satisfaisant, était déjà disponible pour les hispanophones. Depuis jeudi soir, c’est également le cas pour les francophones. Si le site n’est pas encore traduit dans son intégralité, les éléments les plus importants sont présents : inscription, navigation, paramètres, et… liste d’utilisateurs suggérés, dont votre serviteur, qui a également pris part au travail de traduction, a la chance de faire partie.

À en juger par la fréquence à laquelle je reçois les e-mails de notification de nouveaux followers, la décision de traduire Twitter en français est pleinement justifiée : entre jeudi soir et l’heure où j’écris ces lignes (samedi, 14h), mon nombre “d’abonnés” (puisque telle est la traduction de “followers”) a littéralement doublé.

- 20 novembre : bientôt, la pub sur Twitter

La dernière annonce en date est probablement la plus importante : hier, lors de la conférence “RealTime CrunchUp” à San Francisco, le directeur général (COO) de Twitter, Dick Costolo, a révélé l’apparition prochaine d’un modèle de publicité pour Twitter “prêt dans dans le futur proche, et disponible pour nos partenaires”.

On ne connaît pas encore la forme ni les modalités de ce modèle (même si certains se risquent déjà à des pronostiques), mais d’après Costolo : “Ce sera fascinant. Non-traditionnel. Et les gens vont adorer… Ça va être très cool.”

Wait and see, donc. Quoi qu’il en soit, Twitter semble avoir autant grandi en une vingtaine de jours qu’au cours de ses trois ans et demi d’existence. Pas forcément en terme d’audience : la fréquentation du site a même un peu chuté en octobre. Mais en termes de maturité, cela ne fait aucun doute : en s’affirmant comme un réseau d’information, et en confirmant cette affirmation dans les faits, ce qui n’était à ses débuts qu’un simple “side project” a confirmé sa place centrale dans l’économie du lien.

> Article initialement publié sur http://sfadj.com

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Peut-on interdire l’établissement de liens vers son site Internet ? http://owni.fr/2009/11/06/peut-on-interdire-letablissement-de-liens-vers-son-site-internet/ http://owni.fr/2009/11/06/peut-on-interdire-letablissement-de-liens-vers-son-site-internet/#comments Fri, 06 Nov 2009 16:30:09 +0000 Rubin Sfadj http://owni.fr/?p=5289

Voici quelques semaines, j’avais promis à Éric de rédiger un billet sur les entreprises qui veulent interdire les liens vers leur site.

Chose promise, chose due, d’autant que le sujet ne m’est pas totalement étranger : le droit des liens hypertexte, c’était le thème de mon mémoire de DEA.

Éric pose la question suivante : “Ces sites ont-ils le droit de vous interdire de les linker ?” L’esprit retors brûle de lui répondre : ils en ont le droit, puisqu’ils le font. C’est que la question devrait plus précisément se poser dans les termes suivants :

La décision par une entreprise d’interdire au public d’établir des liens hypertexte vers son site Internet peut-elle valablement produire l’effet escompté ?

Autrement dit : le problème n’est pas tant de savoir si on a le droit d’interdire, mais plutôt si cette interdiction a la moindre portée. Par exemple, je peux bien décider d’interdire à mon voisin de jouer de la perceuse le dimanche à 7 heures du matin. Mais ce qui compte réellement, c’est de savoir d’une part si la loi m’offre les moyens de faire suivre cette interdiction d’effets, et d’autre part, le cas échéant, ce que risque mon voisin s’il s’amuse à méconnaître mes avertissements respectueux.

Dans l’affaire qui nous intéresse, il faut donc en premier lieu se demander si la loi offre la possibilité d’interdire les liens hypertexte. Brisons là le mystère ; la réponse courte est : pratiquement jamais.

J’écris “pratiquement” parce que le Tribunal de commerce de Paris a rendu le 26 décembre 2000, dans une affaire opposant les sociétés Havas Numérique et Cadres On Line à la société Keljob, une ordonnance de référé dont la portée peut être résumée ainsi (c’est moi qui graisse) :

Si la pratique de liens hypertextes peut favoriser le développement du réseau internet, c’est à la condition sine qua non du respect incontournable des lois et règlements qui régissent le droit de la propriété intellectuelle. Au surplus, s’il est admis que l’établissement de liens hypertextes simples est censé avoir été implicitement autorisé par tout opérateur de site “web”, il n’en est pas de même pour ce qui concerne les liens dits “profonds” et qui renvoient directement aux pages secondaires d’un site cible, dans passer par la page d’accueil. En conséquence, toute création d’hyperliens entre les sites du réseau internet, quelle que soit la méthode utilisée et qui aurait pour conséquence de détourner ou dénaturer le contenu ou l’image du site cible vers lequel conduit le lien hypertexte, de faire apparaître ledit site cible comme étant le sien, sans mentionner la source, de ne pas signaler à l’internaute de façon claire et non équivoque qu’il est dirigé vers un site ou une page web extérieur au premier site connecté, sera considérée comme une action déloyale, parasitaire et une appropriation du travail et des efforts financiers d’autrui.

De ces mots d’une grande sagesse (jamais démentis à ma connaissance), il faut tirer les conclusions suivantes :

1. Mettre en ligne un site Internet, c’est accepter implicitement que d’autres établissent des liens vers ce site. À celui qui ne veut pas courir ce risque, il est recommandé d’en rester au Minitel.

2. Toutefois, les liens hypertexte n’échappent pas aux lois en vigueur. Ils peuvent, employés avec malice, servir toute une série de pratiques sanctionnées notamment par le droit d’auteur, le droit pénal, et, en l’espèce, la responsabilité civile délictuelle.

3. Le respect d’un certain nombre de bonnes pratiques permet de se tenir éloigné des foudres de la justice :

  • Ne pas cacher à l’utilisateur, d’une manière ou d’une autre, qu’il s’apprête à visiter un site extérieur au vôtre ;
  • Ne pas utiliser le lien comme une façon de profiter indûment du travail d’autrui ;
  • Autant que possible, éviter d’utiliser l’intitulé du lien comme un moyen de déverser sa haine contre l’auteur ou l’éditeur du site lié.

Tant que demeurent respectés ces quelques principes de bon sens, telle ou telle entreprise peut bien interdire l’établissement de liens vers son site, elle aura toutes les peines du monde à faire suivre sa décision d’effets.

Ma réponse est volontairement succincte, tant le droit des liens hypertexte est aussi large que l’ensemble des domaines qu’il intéresse potentiellement. Une réponse plus détaillée s’intéresserait aux questions de droit des contrats, de droit d’auteur ou encore de droit pénal — bref, à tous les domaines où une société désirant interdire les liens vers son site peut se chercher, mais le plus souvent sans succès, un fondement.

J’invite donc naturellement ceux qu’un exposé plus long ne rebute pas à consulter mon mémoire, qui date certes de 2003 mais dont les conclusions demeurent, sur le fond, assez largement valides.

» Article initialement publié sur http://sfadj.com/

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Google Wave : premières impressions http://owni.fr/2009/10/12/google-wave-premieres-impressions/ http://owni.fr/2009/10/12/google-wave-premieres-impressions/#comments Mon, 12 Oct 2009 13:41:33 +0000 Rubin Sfadj http://owni.fr/?p=4529 J’ai reçu mon invitation à Google Wave ce matin. Je profite donc d’avoir un petit quart d’heure devant moi pour jouer avec ce nouvel outil.

Quelques remarques en vrac :

  • Le système est, pour l’instant, assez lent — surtout en comparaison avec la démo proposée par les responsables produit Google il y a quelques mois.
  • C’est bizarre, mais, sur mon Mac, Wave ne fonctionne parfaitement qu’avec Firefox (et Google Gears). Avec Safari et même Google Chrome, c’est la croix et la bannière.
  • Je ne trouve pas l’interface particulièrement intuitive. Plutôt le contraire, en fait. Nouveau paradigme à digérer ou jeunesse du projet ? Probablement un peu des deux. Wait and see.
  • Difficile de dire si Wave est un moyen de communication privée (type e-mail) ou publique (type forum), ou une plateforme collaborative (type Google Docs ?), ou un peu de tout ça (type Friendfeed). En tout cas, la gestion des waves publiques est, à mon sens, à revoir.
  • La philosophie de Wave, entre messagerie et édition de documents, pourrait bien en faire la plateforme idéale pour utiliser Posterous. Je me suis donc empressé d’installer le “robot” qui permet de publier sur Posterous à partir de Google Wave. Mon intuition est confirmée, même si plusieurs fonctions manquent encore à ma connaissance (tags, gestion de l’autopost notamment).
  • Enfin, Google Wave est absolument inutile si un minimum de vos interlocuteurs quotidiens ne l’utilise pas. Du coup, tant que le service restera en beta privée, il n’a aucune chance de faire partie de notre boîte à outils quotidienne. L’e-mail a encore de beaux jours devant lui !

Qui d’autre a pu tester Google Wave ? Partagez-vous ces observations ? En avez-vous d’autres ? N’hésitez pas à m’ajouter parmi vos contacts : rubin.sfadj@googlewave.com.

P.S. : Comme l’ont peut-être constaté les plus rapides d’entre vous, le robot Posterous souffre d’un autre défaut : il ne prend pas en compte le formatage du texte (listes à puces notamment). Et le titre de la “wave” est inscrit deux fois : comme titre du billet (comme il se doit) et au début du texte.

> Article initialement publié sur sfadj.com

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Les 100 articles les plus lus sur Wikipédia en 2009 http://owni.fr/2009/09/30/les-100-articles-les-plus-lus-sur-wikipedia-en-2009/ http://owni.fr/2009/09/30/les-100-articles-les-plus-lus-sur-wikipedia-en-2009/#comments Wed, 30 Sep 2009 13:36:44 +0000 Rubin Sfadj http://owni.fr/?p=4066

Attention : ne pas confondre cette liste avec celle des termes les plus recherchés (Wikipédia sélectionne automatiquement l’article le plus proche des termes de la recherche).

Beaucoup de choses intéressantes dans ce top 100. En vrac :

- Spotify a raison : “tout le monde aime la musique”. Les Beatles et Michael Jackson sont respectivement 2è et 3è.

- Je me demande si un certain nombre d’articles ne doivent pas leur classement à des erreurs de manipulation chez les utilisateurs : Wiki (1er), YouTube (5è), Wikipédia (6è), Facebook (10è), Twitter (13è)… Pas mal d’utilisateurs novices se trompent de barre de recherche, pensant taper dans la barre d’adresse de leur navigateur.

- Le cinéma et la télé suivent la musique de près ; mais tandis que les Beatles et MJ sont des artistes “anciens” (même s’ils ont alimenté l’actualité en 2009), les films et séries présents dans la liste datent réellement de 2009. La musique traverse-t-elle mieux les âges ?

- En parlant de séries télé, la présence de certaines listes d’épisodes dans le classement est un indicateur (enfin, à mon sens) de l’ampleur du phénomène du téléchargement (illégal ?) des séries, dont je ne serais pas étonné qu’il talonne celui des oeuvres musicales.

- 65 ans, c’est pas si long : la seconde guerre mondiale reste bien placée, en 12è place des articles les plus lus. La même remarque vaut pour Hitler (17è).

- Bizarrement, la première guerre arrive presque exactement 17 places après la seconde, 17è, dans la liste (35è). Remarquable de symétrie.

- Notre France nationale arrive en 79è position. Pas si mal, non ?

- Enfin, le sexe truste un bon nombre de places dans le classement. Les gens ne pensent décidément qu’à ça. En même temps, on le savait déjà.

Et vous, quels enseignements tirez-vous de ce classement ? Qu’ai-je raté ?


> Article initialement publié sur Sfadj.com

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