OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Ebook: le cahier des subventions de la presse 2010 http://owni.fr/2010/12/27/ebook-subventions-presse/ http://owni.fr/2010/12/27/ebook-subventions-presse/#comments Mon, 27 Dec 2010 16:15:37 +0000 Martin Clavey http://owni.fr/?p=40140 La presse écrite est en crise. Son modèle économique fonctionne encore dans certains cas mais beaucoup de titres ont du mal à rester simplement à l’équilibre. Ils cherchent mollement un nouveau modèle et en attendant, pour équilibrer leurs lignes de compte, vont à la pêche aux subventions.

Cet été 2010, nous nous sommes procuré des documents détaillant les subventions accordées par le Fonds de modernisation de la presse (FDM) aux différents titres de presse français. Cette première enquête, utilisant le crowdsourcing, nous a permis de constater que l’imprimerie, la numérisation des archives, la maquette et la refonte ou la création des sites internet font partis des postes qui ont le plus utilisé ce fonds de modernisation.

Le chapitre “reconquête du lectorat jeune” (sic) figure à de nombreuses reprises comme motifs de subventions. Le lectorat jeune est une cible primordiale et difficile à atteindre pour la presse française. Le fonds de modernisation a financé, souvent en vain, beaucoup de projets qui se sont lancés à sa reconquête. Mais les rédactions rechignent à répondre à nos questions sur ces subventions (pourtant publiques) :

“Je vais les donner à l’État, pas à vous, c’est lui le payeur”.

Ok, mais qui finance le budget de l’État ?… En tout cas, les projets de conquête du lectorat jeune ne brillent pas par leur efficacité car si ils permettent de gonfler les chiffres pendant un temps, le jeune ne devient pas pour autant un acheteur invétéré. Et les solutions de subventions mises en place n’apportent pas une réponse réelle aux problèmes économiques rencontrés par la presse française.

Au vu de la désorganisation des différents systèmes de subvention de la presse et des difficultés pour contrôler leur utilisation, le rapport Cardoso sur “la gouvernance des aides publiques à la presse” présente 15 propositions pour améliorer leur efficacité. Martin Untersinger et Vincent Truffy se sont penchés sur ce rapport et sur les solutions qu’il propose pour rendre ce système de subvention plus clair.

Mais avant d’entamer une nouvelle réforme, il faut une évaluation des actions de l’État, pourvoyeur d’aides, mais aussi régulateur et actionnaire est nécessaire, ainsi qu’une analyse prospective sur l’information écrite de demain. Régis Confavreux nous livre son analyse sur le rôle difficile de l’État dans la réglementation et le financement de la presse : comment, pour les pouvoirs publics, jouer un triple rôle : de régulation, de soutien, d’actionnaire ? Quels modèles économiques pour l’information écrite de demain ?

Décryptages et questionnements avec sept articles parus sur OWNI au fil de l’année 2010.

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Rapport Cardoso : les subventions inorganisées d’une presse sous perfusion http://owni.fr/2010/09/17/rapport-cardoso-les-subventions-inorganisees-dune-presse-sous-perfusion/ http://owni.fr/2010/09/17/rapport-cardoso-les-subventions-inorganisees-dune-presse-sous-perfusion/#comments Fri, 17 Sep 2010 15:42:40 +0000 Martin Untersinger http://owni.fr/?p=28371 Le 8 septembre dernier, le consultant Aldo Cardoso a remis aux ministres du Budget et de la Culture son rapport sur “la gouvernance des aides publiques à la presse”. Long d’une centaine de pages, ce rapport présente 15 propositions, applicables sur une période de 5 ans (2012 – 2016) et destinées à améliorer le contrôle, l’utilisation et l’efficacité des aides que l’État octroie à la presse.

Le 23 janvier 2009, lors d’un discours détaillant les grandes mesures tirées des États Généraux de la presse écrite, Nicolas Sarkozy avait souligné la nécessité de “clarifier les objectifs, modifier la gouvernance et contrôler l’utilisation” de la vingtaine d’aides à la presse qui existent aujourd’hui en France. C’est dans cette optique que Christine Albanel et Eric Woerth, alors respectivement ministre de la Communication et ministre du Budget, ont commandité ce rapport en juin 2009.

Un secteur en crise

Le rapport rappelle dans un premier temps les chiffres bien connus d’un secteur économique en crise. La baisse de 12 % de la diffusion payante depuis 1995 et le fort reflux des recettes publicitaires (-17 % en 2009) ont ramené le chiffre d’affaires de la presse française à son niveau exceptionnellement bas de 1993.

Si ce constat n’est pas nouveau, c’est sans doute la première fois que des chiffres aussi détaillés sont dévoilés, à la fois sur la santé globale de la presse française, mais aussi et surtout sur le détail des différentes subventions que l’État lui accorde. OWNI avait par ailleurs pris part à cet effort de transparence il y a quelques semaines, en publiant un document inédit révélant le détail des subventions accordées par le fonds de modernisation à la presse (FDM).

Des aides publiques inefficaces

Tout aussi inquiétant que l’état économique de la presse : l’inefficacité des aides publiques. Le rapport Cardoso dresse ainsi un bien triste portrait de leurs effets sur le dynamisme de la presse.

Depuis la libération, le dispositif des aides s’est étoffé, complexifié, sédimenté et force est de constater que même s’il représente aujourd’hui environ 12 % du chiffre d’affaires du secteur économique, il n’a pas permis l’émergence ou la présence de titres de presse forts et indépendants de l’aide publique.

Le rapport avance même un chiffre éloquent : près de 80 % des aides distribuées par l’état seraient utilisées à des seules fins de fonctionnement, contre seulement 20 % pour des investissements.

L’accent est également mis sur la dépendance forte de certains types de presse aux aides publiques. Ainsi la part de ces dernières dans le budget de la presse d’information politique et générale (IPG, les journaux d’information et/ou partisans soutenus dans un soucis de “pluralisme”) est bien plus importante que pour les autres secteurs. A titre d’exemple, elles représentaient 55 % du chiffre d’affaires de France Soir en 2008 (contre 12 % en moyenne).

On peut s’attendre en toute logique à ce que cette part aille en augmentant dans les années à venir. Cette concentration a déjà été amorcée depuis plusieurs années et aujourd’hui, près d’un tiers des subventions publiques cible déjà la presse IPG.

Le rapport pointe également l’extrême complexité du système des aides publiques. Il suffit de jeter un oeil au tableau qui y figure pour comprendre : grand nombre de fonds et programmes d’aides, multiplicité des bénéficiaires et stratification des dispositifs empêchent presque mécaniquement une bonne gouvernance globale et stratégique des fonds publics.

Plus préoccupant encore, on constate dans le rapport que jusqu’ici, les pouvoirs publics n’ont eu ni stratégie globale, ni moyens de contrôle suffisants sur les aides qu’ils ont accordés. Ainsi, un interlocuteur anonyme rencontré par Aldo Cardoso explique que, loin de subvenir aux besoins d’une ‘fonction’, en l’occurrence celle d’informer, les subventions tendent au contraire à soutenir ‘des acteurs et une industrie’”. “Défaut de pilotage global”, “expertise insuffisante”, “faible adéquation de certains projets aux besoins du secteur”, “indigence des indicateurs”, “faiblesse des moyens consacrés à l’évaluation” sont autant de reproches formulés à l’encontre de la puissance publique.

Fort de ce triste constat, le rapport propose 15 solutions réparties sur 4 grands axes afin de réformer la gouvernance de ces aides.

Une structure d’octroi et de contrôle des subventions repensée

Le rapport propose ainsi le conditionnement de l’octroi des aides à un dialogue et à une “prise d’engagements clairs et évaluables” dans le “respect des priorités” stratégiques de l’État. Il liste également une série d’outils qui pourraient être pris en compte dans la mesure et l’évaluation en amont et en aval des subventions : taux de profit, de réabonnement, le coût moyen annuel d’impression, les effectifs du journal… Ce qui ne manque pas de susciter des interrogations quant aux procédures qui ont cours actuellement.

La structure administrative de contrôle et de suivi des aides doit également être repensée. Le rapport préconise une séparation stricte entre les fonctions de pilotage stratégique et celles de contrôle de l’utilisation des fonds publics, tout en établissant un pilotage global et commun à toutes les aides. Et rappelle également qu’en vertu de la loi n°2000-321 du 12 avril 2000, les détails des subventions sont librement accessibles à qui en fait la demande (journalistes inclus). Un autre moyen de contrôle…

In fine, la structure d’octroi et de contrôle devrait ressembler à ceci, si les préconisations du rapport sont appliquées.

Priorité à l’innovation !

Une autre proposition significative est celle de la réorientation des aides vers l’innovation et “l’invention de nouveaux modèles”, c’est à dire sur des projets susceptibles de provoquer “un effet de levier”, susciter la “diversification plurimédia” et soutenir “les laboratoires et incubateurs d’innovation”. Tout ceci afin d’encourager ce qu’Aldo Cardoso considère comme “l’avenir de la presse”, à savoir “sa capacité à réinventer ses contenus”. Il faut noter par ailleurs qu’à l’heure actuelle, seuls le FDM et le SPEL ont pour mission explicite de favoriser l’innovation (accordant un financement sur projet et non pas de manière automatique).

Au niveau structurel, le rapport préconise une maîtrise des coûts plus stricte mais annonce des effets surprenants par leur ampleur, puisque d’après les calculs de l’Inspection Générale des Finances menés sur une structure de coûts classique d’un titre de presse, le taux de profit pourrait passer – si les préconisations du rapport sont mises en oeuvre – de – 2 % à + 13 % !

Création d’un fonds stratégique unique pour 2012 – 2016

Une des réformes clés appelées de ses vœux par le rapport Cardoso est la création d’un fonds stratégique de la presse, qui rassemblerait l’essentiel des aides publiques. Ce qui n’est pas sans poser problème puisque des instances globales de régulation existent déjà, comme l’ARCEP (pour l’aide postale) ou la DGMIC.

De plus, le rapport élude un peu la question de savoir comment cette nouvelle gouvernance va respecter les règles de concurrence, et surtout comment elle conciliera ce contrôle accru avec l’impératif de neutralité de l’État. Par ailleurs, il est quelque peu surprenant que l’objectif affiché du fonds de soutenir l’innovation ne soit mis en oeuvre que par la fusion de fonds prééxistants et non par la création de nouveaux fonds.

Maintenir le montant des aides directes

En raison notamment d’un fort recul des aides indirectes (distribution, crédits d’impôts…) du à la fin des accords État Presse Poste, il est extrêmement probable que le montant global des aides connaisse un net reflux, de l’ordre de 20 % d’ici à 2016, explique le rapport. Ce dernier propose de compenser cette perte en maintenant l’augmentation des aides directes initiée après les Etats Généraux, à hauteur de 900 millions d’euros sur cinq ans, qui seraient redéployés progressivement vers le fonds stratégique nouvellement créé.

Et la presse en ligne ?

Si le rapport ne préconise rien de révolutionnaire concernant la presse en ligne, plusieurs de se propositions semblent à retenir.

En premier lieu, il envisage de ramener la TVA applicable à la presse sur Internet, aujourd’hui de 19,6 %, au taux super-réduit (2,1 %) qui profite actuellement à la presse traditionnelle. Remédier à ce déséquilibre illogique – après tout, seul le support change, pas le contenu – est dans l’air depuis un bon moment déjà. Seul problème, cela nécessiterait une modification de la législation européenne… Plus largement, le rapport préconise de ne pas établir de différence de “traitement hermétiquement différent” de celui de la presse traditionnelle à quelque niveau d’intervention étatique que ce soit.

Le rapport déconseille par ailleurs d’adopter le projet un temps envisagé de mettre en place une taxe sur les fournisseurs d’accès à Internet pour résorber le déficit de la presse papier et met en évidence les difficultés de répartition qu’une telle mesure entraînerait.

Enfin, il rappelle qu’Internet n’est pas responsable de tous les maux de la presse écrite traditionnelle :

L’offre de presse en ligne n’est pas à l’origine du reflux de la diffusion de la presse écrite, qui s’inscrit dans une tendance de long terme.

À l’inverse, le rapport place au coeur des dynamiques d’innovation à encourager l’exploitation “des opportunités de mise en valeur qu’offrent les nouveaux supports de diffusion” afin qu’ils “collent à des usages en perpétuelle évolution”.

Et maintenant ?

Même si des questions subsistent, le rapport soulève plusieurs points cruciaux, notamment en incitant les pouvoirs publics à se doter d’une gouvernance globale et de véritables instruments de contrôle. Il convient également de retenir la concentration des efforts en vue de transformer des subventions de fonctionnement et aux acteurs (donc inefficaces) pour les concentrer sur un secteur et pour l’innovation.

Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a annoncé le 9 septembre dernier la mise en place d’un forum qui se réunira au mois d’octobre afin de définir “les modalités de mise en œuvre progressive” des mesures préconisées par le rapport Cardoso. De là à envisager une mise en application rapide ?

La multiplication des annonces d’économie budgétaires, des priorités gouvernementales bien loin des médias, couplés au climat délétère qui règne actuellement entre la presse (trotsko-fasciste) et le pouvoir permettent malheureusement d’en douter.
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Merci à Vincent Truffy et à Albéric Lagier pour leurs précieux éclairages.

> Téléchargez le rapport Cardoso dans son intégralité
> Voir la structure actuelle des aides publiques à la presse.
> Retrouvez l’intégralité de notre dossier du jour sur les aide à la presse .
> Consultez tous nos articles sur les subventions à la presse, notamment “Subventions à la presse : l’heure des fuites ?”.

Crédits Photo CC Flickr : .zahrky

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Subventions à la presse: l’heure des fuites? http://owni.fr/2010/08/09/subventions-a-la-presse-lheure-des-fuites/ http://owni.fr/2010/08/09/subventions-a-la-presse-lheure-des-fuites/#comments Mon, 09 Aug 2010 11:16:22 +0000 Admin http://owni.fr/?p=24199 Comme le soulignait en 2004 un rapport remis au Sénat, la France est un des pays européens qui finance le plus ses médias, et notamment sa presse papier. Parmi de nombreux autres fonds et organismes, le fonds d’aide à la modernisation de la presse (FDM), créé en 1998, a vocation à “soutenir des projets de développement et de recentrer les aides à la presse sur les publications d’information politique et générale”.

En 2008, selon le ministère de la Culture, près de 25 millions d’euros ont été distribués par ce fonds à 78 projets différents. Jusqu’à présent, le détail et le montant alloués à chaque projet n’étaient pas connus.

OWNI s’est procuré des documents exposant sur plusieurs centaines de pages les montants, les récipiendaires et la nature des projets financés depuis 2003, ainsi que les comptes-rendus des réunions de la commission chargée de distribuer ces aides. OWNI ouvre aujourd’hui une enquête crowdsourcée (contributive), nous comptons sur votre apport ! Vous pouvez retrouver la totalité des documents en notre possession à la fin de cet article.

Ces documents, en vertu de la loi de 1978 sur la liberté d’accès aux documents administratifs, n’étaient pas confidentiels et peuvent donc être diffusés.

On peut d’ores et déjà distinguer plusieurs postes de dépenses principaux : l’imprimerie, la numérisation des archives, la maquette et la refonte ou la création des sites internet tiennent le haut du pavé. Le chapitre “reconquête du lectorat jeune” (sic) figure à de nombreuses reprises comme motifs de subventions.

De manière générale, ce fonds touche et finance tous les domaines de la presse, de la presse quotidienne régionale à la presse spécialisée, en passant évidemment par la presse nationale.

[MAJ 11/08/2010 à 15 h 55 heures]

Des chiffres dans le détail : le papier avant toute chose

Quel a été la part de l’argent attribué au papier et au web ? Recontacté une seconde fois, le FDM a en fait confirmé notre première version : le fonds d’aide au développement des services en ligne des entreprises de presse (fonds SEL), créé en 2004 et remplacé par le fonds Spel en 2009, concernait aussi les quotidiens éligibles au FDM. Mais son montant était dérisoire : 500.000 euros en 2009 (source 20mn.fr). En outre, il s’agissait d’avances, partiellement remboursables. Il était donc plus intéressant d’aller voir directement du côté des grasses subventions du FDM.

La question de la part des investissements dans le papier et le web du FDM se pose donc toujours. En gras, nous avons souligné les sommes les plus significatives destinées au papier : on constate qu’elles représentent les lignes budgétaires les plus importantes. Quand nous ne savions pas si les subventions concernaient le papier, le web ou les deux (“développement du lectorat jeunes” par exemple), nous ne les avons pas inclus dans les investissements papier.

2010
1.338.200 euros, Ouest-France : salle d’expédition de Nantes
1.945.000 euros, La Voix du Nord : nouveau système éditorial
1.426.042 euros, Le Parisien, Aujourd’hui en France : modernisation de la salle des expéditions
2.745.000 euros, France-Soir : le 16 mars 2010, soit la veille de la sortie de sa nouvelle formule, France-Soir s’est vu accorder une subvention de 2.745.000 euros pour réaliser sa “nouvelle maquette”. Son nouveau propriétaire depuis 2009, Alexandre Pougatchev, le fils d’un oligarque russe, n’est pourtant pas un miséreux.

2009

5.033.030 euros : Un journal gratuit dès 18 ans, abonnements et volet technique. L’Agence Français Abonnement Presse (A2Presse) a obtenu une subvention de 5 033 030 euros pour une opération destinée “à aider la presse à reconquérir un lectorat jeune en créant une habitude de lecture qui l’amènera plus tard à lire ou à s’abonner à un journal.” Un peu comme de convaincre de revenir à la carriole, et c’est un peu plus compliqué dans les faits. L’opération, qui devrait durer trois ans, financera 200.000 abonnements par an pour un montant total de 15 millions d’euros.
2.745.000 euros, Ouest-France : rotative à Nantes
2.367.554 euros, Les Dernières Nouvelles d’Alsace : modernisation de la salle d’expédition
1.020.968 euros, L’Est Républicain : modernisation et refonte de : contenu-maquette-format
1.400.000 euros, La Tribune : acquisition d’une rotative. Un an plus tard, en pleine déconfiture économique, le quotidien économique envisage de passer au tout web.
2.745.000 euros, Nice-Matin : rotatives
3.000.000 euros : modernisation des moyens d’impression des titres de la PQN pour la région parisienne

2008

1.453.796 euros, France-Soir : tours quadrichromie
1.125.573 euros, La Tribune : lancement d’une nouvelle formule
1.498.640 euros, Syndicat de la presse quotidienne régionale : développement du lectorat jeunes

2007

2.202.048 euros, La Nouvelle République du Centre : projet Cap Tabloïd
1.999.712 euros, syndicat de la presse quotidienne régionale, développement du lectorat jeune
3.000.000 euros, SAS Midi Print : installation d’une rotative
1.589.104 euros, Le Télégramme : augmentation et amélioration des capacités couleur sur le journal
2.745.000 euros, La Voix du Nord : acquisition de quatre rotatives

2006

2.296.668 euros, Le Journal de l’île de la Réunion : acquisition d’une rotative nouvelle génération
1.500.000 euros, La République du Centre : modernisation de la rotative
2.745.000 euros, Le Figaro : nouvelle imprimerie du Sud
2.745.000 euros, Le Républicain Lorrain : remplacement d’une rotative
1.886.600 euros, Le Courrier de l’Ouest : acquisition d’une nouvelle rotative

2005

1.762.153 euros : Syndicat de la presse quotidienne Régionale, À la conquête du lectorat jeune
1.174.267 euros, La Montagne : nouveau système informatique rédactionnel
1.016.000 euros : Ouest France, 6ème tour
1.152.684 euros : L’Est Républicain, modernisation de la salle d’expédition
1.113.301 euros : Le Figaro, adaptation de l’imprimerie au nouveau format du Figaro

2004

1.361.200 euros, Le Monde : mise à jour technologique du site Internet
1.830.000 euros, L’Est Républicain : tours d’impression quadrichromiques
1 450 700 euros, Faximpress : acquisition de systèmes Computer To Plate (CTP)
1 830 000 euros, Corse-Matin : création d’une unité d’impression

2003

1.166.061 euros, Le Tarn libre : création d’un site de production
1.494.831 euros, Les Échos, nouvelle formule
1.734.584 euros, Aujourd’hui en France : création d’un centre d’impression à Istres
3.660.000, Ouest-France : tours d’impression couleur

[MàJ 09/08/2010 - 15h22]

LeMonde.fr a-t-il touché des subventions?

En 2004 et 2008, selon les documents en notre possession, la “société éditrice du Monde” aurait touché deux subventions du Fonds d’aide à la modernisation de la presse : l’une de 1 361 200 € pour “la mise à jour technologique du site internet” et une autre de 1 592 000 € pour le “développement et optimisation de l’offre internet”.

Le financement de cette activité du journal Le Monde peut surprendre.

D’une part, le site LeMonde.fr n’est pas détenu par la Société Le Monde mais par Le Monde Interactif, une filiale de la société, qui n’a pas semblé être éligible à la subvention si l’on en croit le compte-rendu de la réunion du comité du fonds d’aide à la modernisation de la presse du 18 mars 2008. Cette dernière fut d’ailleurs le théâtre d’une discussion mouvementée (voir la page 101 du slideshare, disponible ici ou en bas de cette page) sur le sujet, se concluant finalement par un vote favorable (9 voix sur 10) à la subvention.

D’autre part, et malgré ce que nous apprennent ces documents, Philippe Jannet, le PDG du Monde Interactif, déclarait dans une émission de la Ligne Jaune d’@rret sur Images du 8 janvier 2010 que LeMonde.fr n’avait pas touché d’aides depuis 2002 (31:32) :

- Philippe Jannet [PDG du Monde Interactif] : “Pour le moment, LeMonde.fr n’a pas d’aide, le Post non plus. On ira peut être en chercher.”

- Guy Birenbaum : “Il n’y en a jamais eu ?”

- PJ : “Ce n’est pas les mêmes. C’est des aides sur la numérisation des archives du Monde.”

- Daniel Schneidermann : “Il n’y a jamais eu d’aide pour LeMonde.fr ?

- PJ : “Si, il y a eu des aides sur LeMonde.fr en 2002 mais plus depuis.

[...]

- PJ : “Par contre je suis effectivement favorable à la transparence. Qu’à un moment on puisse dire, voilà, j’ai touché tant d’aides…”

Si on peut ne pas s’étonner que le site internet du premier média français soit financé, en partie, par des subventions, on peut davantage s’interroger sur la contradiction entre les documents du comité du fonds et les propos du PDG du Monde Interactif.

[MàJ 09/08/2010 - 18h40]

Nous avons contacté M. Philippe Jannet, le PDG du Monde Interactif, qui nous a répondu dans la journée. Il a été très surpris par les chiffres en notre possession que nous lui avons communiqués : “Je n’ai pas vu 1,5 millions arriver dans mes comptes”, a-t-il expliqué.

S’il ne dément pas que Le Monde Interactif ait reçu des aides (malgré ses déclarations sur le plateau d’Arrêt Sur Images), il paraît surpris par l’ampleur de ces dernières :

“Je sais qu’il y a eu de l’argent versé par le fonds de modernisation de la presse, mais 1,5 millions, ça me semble beaucoup.”

Philippe Jannet l’explique par la faible proportion prise par les subventions dans le budget total du Monde Interactif : “1,5 millions d’euros répartis sur plusieurs année, sur un budget annuel de 15 millions ça ne fait pas grand chose”.

Interrogé sur ses déclarations à l’antenne d’@si, il affirme avoir été interrogé sur le fonds SPEL, par lequel LeMonde.fr n’a pour l’instant pas été subventionné, même s’il affirme avoir déposé une demande récemment.

Par ailleurs, il rappelle que pour 40% abondés par le fonds de modernisation, 60% doivent être abondés par Le Monde Interactif. Il souligne également le bien fondé des subventions ainsi que leur ancienneté et leurs effets : “derrière il y a de la création d’emplois et du développement technologique”. On attend des chiffres sur ce dernier point.

[MàJ 09/08/2010 - 17h]

Selon les documents en notre possession, le groupe Agro Business Communication, éditeur notamment de Viande Magazine a touché 85 739 € pour la réalisation de son portail de la part du fonds d’aide au développement des services en ligne des entreprises de presse, un autre fonds. [maj du 09/08 à 18 h 18]

Des documents qui soulèvent des questions

Ces documents soulèvent plusieurs questions auxquelles nous allons tenter de répondre au fur et à mesure de l’avancée de nos recherches :

  • Quels sont les principaux titres et types de presse bénéficiaires ?
  • Ces axes sont-ils judicieux ?
  • Ces subventions ont-elles porté leurs fruits ? Par exemple, les ventes du papier ont-elles augmenté ? L’offre en ligne a-t-elle été vraiment bien développée ? Le trafic a-t-il augmenté en conséquence ? In fine, peut-on parler de gaspillage ou d’investissement pertinent ?
  • Par comparaison avec d’autres pays, la France est-elle sur-subventionnée ? Dans la moyenne ? En dessous ?
  • Qui sont exactement les membres de la commission chargée de décider de l’attribution de l’argent ?

Nous avons déjà des idées de datavisualisation :

  • Pour le prix total annuel des subventions, combien finance-t-on de nouveaux pure players ?
  • Quel est le ratio nombre de lecteurs (VU)/montant de l’aide/an ?

Vous pouvez nous proposer vos idées et vos pistes : nkb@owni.fr !

Cet article sera actualisé au fur et à mesure de notre avancée et des révélations que permettent de détecter ces quelques 500 pages.

Consultez les documents

[NDLR] Important: nous publions ces documents tels que nous les avons reçus, passages noircis inclus.

Vous pouvez également télécharger le PDF intégral (16Mo) à cette adresse.

Vous trouvez dans ces documents des informations dignes d’être rapportées?

N’hésitez-pas à contacter nous contacter : nkb@owni.fr !

Vous voulez extraire des données et les insérer dans un fichier XLS ?

Nous en aurons besoin pour des datavisualisations et autres applications de journalisme de données. N’hésitez pas à nous contacter : nkb@owni.fr

L’enquête se poursuit ailleurs

> Erwann Gaucher a consacré un billet à ces documents et évoque le “nouveau feuilleton médiatique de l’été”. A lire ici.

> La liste complète des aides publiques directes et indirectes est disponible sur le site de la Direction générale des médias et des industries culturelles.

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Sabine Blanc, Martin Clavey, Martin Untersinger

Crédits Photo CC Flickr : Mammal, Crumbs.

[disclaimer : à ce jour, OWNI et 22Mars - sa société éditrice de presse - n’ont jamais sollicité de subventions et n'envisagent pas dans un futur proche d'en solliciter. OWNI n'est pas opposé au principe même des subventions, lorsqu'elles sont systématiques ET transparentes. En revanche, nous regrettons - comme d'autres - le poids considérable pris par l'État et les collectivités locales dans les budgets publicitaires de la presse, dont la gestion est plus quotidienne et impactée par le contexte.]

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