Twitter, ou la liberté de créer.

Le 14 août 2009

Nous sommes dans une période où le Web 2.0 s’observe, s’évalue, se soupèse, grandit. Le nombre d’utilisateurs geeks ou naturellement technophiles et les simples adeptes se multiplient à l’envi. Mais à l’inverse, Hadopi 2 ou les projets de loi en passe d’être refondus intégralement (http://owni.fr/2009/07/03/loppsi2-internet-is-watching-you/ et http://owni.fr/2009/07/29/loppsi2-premier-round-gagne-dans-lindifference/ ) pourraient amener cet espace de libertés à [...]

Nous sommes dans une période où le Web 2.0 s’observe, s’évalue, se soupèse, grandit. Le nombre d’utilisateurs geeks ou naturellement technophiles et les simples adeptes se multiplient à l’envi. Mais à l’inverse, Hadopi 2 ou les projets de loi en passe d’être refondus intégralement (http://owni.fr/2009/07/03/loppsi2-internet-is-watching-you/ et http://owni.fr/2009/07/29/loppsi2-premier-round-gagne-dans-lindifference/ ) pourraient amener cet espace de libertés à se réduire, à être enfermé, à tout le moins surveillé, pisté, fliqué, et nous avec puisque nous faisons exister ce 2.0, nous lui donnons ses quartiers de noblesse. Et la culture sous toutes ses formes, même les plus inattendues, se sert de cet espace de création permanente.

Cependant, si le Web 2.0 est jeune encore, il ne vit pas pour autant une crise d’adolescence. En revanche, ses tuteurs légaux et gouvernementaux aimeraient bien le mettre en pension pour l’empêcher de penser à haut débit.

Malgré tout, les réseaux se démultiplient. Facebook et ses presque 300 millions d’utilisateurs, Twitter, Frienfeed, Lite-FB, et j’en passe, nous permettent de développer un regard communautaire, une intelligence collective, créative, sur le monde 2.0 mais aussi, évidemment, sur le réel. Les deux sont dorénavant totalement interdépendants. Le Web apporte une perception exacerbée de la société réelle.

Mais les tuteurs veillent…Si l’ORTF à vécu, le Chef de l’Etat actuel recrée l’ORTS (office de radiodiffusion télévision sarkozyste), et pendant ce temps, nos réseaux s’organisent, se structurent, pensent, agissent, réfléchissent ensemble.

Cette révolution numérique, à l’instar de toutes celles qui ont pu ébranler l’histoire, ne doit pas être muselée, ne doit pas être censurée.

De plus, la régression morale, sociale, que nous traversons nous rejette plusieurs décennies en arrière quand l’ordre moral tentait de faire taire les idées. Mais si l’histoire des idées est pavées de bonnes intentions, la loi l’a souvent tenue sous le joug. Penser, créer le monde, l’inventer et le réinventer constamment, c’est aussi le boulot de ces technophiles que nous sommes. Le Net est le lieu de débat par excellence. Avis, opinions, idées s’y entrechoquent parfois presque trop vite mais nous nous relaxons dans une sérenpidité éclairante quand l’esprit vagabonde dans un espace de culture ouvert sur une seule chose : Tout. A peu de chose près.

Les esprits ouverts l’ont compris. Musiciens, artistes, auteurs, journalistes, tous créent, écrivent, diffusent via Internet.

revolution_web2(illustration tirée d’une couv’ du Courrier International)

Twitter en est l’exemple quand l’Opéra Royal de Londres fait appel aux twitterers pour rédiger le livret d’un opéra (@youropera). Ce sera le premier d’une nouvelle ère. Un livret participatif, une culture réelle, pour tous, accessible à qui le veut, mais ce sera surtout, un livret conçu par tous. Et là, on ne se pose plus la question du droit d’auteur. On vit la création culturelle, une nouvelle grande marche. Sans les cols Mao. Et sans obligation. Et cela doit perdurer. Sans contraintes.

Autre exemple : même si publier un roman en tweets de 140 signes peut relever du coup de pub, j’aurais tendance à dire « Et Alors ? » C’est aussi une nouvelle forme d’écriture qui peut naître. A l’instar de l’Oulipo de Raymond Queneau ou de Georges Perec, Tweeter impose une écriture contrainte qui peut tout changer dans la forme, mais aussi dans le fond. Le rythme de narration d’un roman publié sur papier serait différent. Faites l’expérience.

Ce type de pratique mise en place par Philippa Gregory  avec son livre The White Queen (l’héroïne du roman peut être suivie avec @ElizWoodville), qui sort en libraire le 18 août prochain, ne constituera peut-être pas un modèle viable, peut-être sera-ce la porte ouverte à des plumitifs verbeux qui viendront encombrer les réseaux avec une prose imbitable… quand bien même ? Ici, ils sont libres d’écrire. Les internautes décideront ensuite. La découverte… ou l’ignorance.

Le Net est donc aussi un labo ou les expériences se multiplient. Il va de soi qu’un livet de tweets ne fera pas couler Mozart ou Verdi, qu’un roman tweeté est un support de lecture tellement délicat que cela restera au stade expérimental, mais il n’en reste pas moins vrai que lorsque l’accès à la culture s’assortit de conditions financières, la chose tend à me hérisser la souris. Un vieux proverbe dit que “Voler un livre, ce n’est pas voler”. Je ne dis pas ici qu’il faille piquer tout ce peut l’être, mais simplement que la culture ne doit pas être élitiste, réservée ou inaccessible. Les cadres législatifs en cours pourraient mettre à mal le Web 2.0. La régression serait pire encore.

Internet donne potentiellement à toute personne connectée la chance d’avoir accès à tout ce qu’elle désire voir, lire ou écouter. Mais pour combien de temps ?

Museler l’expression culturelle, journalistique, citoyenne, participe d’un totalitarisme nauséabond que nombre de pays connaissent toujours. Ce village mondial dans lequel on croise tout autant les débats philosophiques, citoyens que les discussions de comptoir doit rester ce village libre que nous connaissons actuellement. Le bistrot 2.0 doit rester universel. Les cafés ont toujours été des lieux de Révolutions culturelles et politiques !

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