Iran: les blogs sont-ils moins populaires depuis la présidentielle?

Le 19 avril 2010

Onze blogueurs et professionnels des médias iraniens représentatifs de différents segments du spectre politique ont répondu à un questionnaire sur les évolutions des médias citoyens en Iran depuis les élections.

La prétendue “révolution Twitter” pourrait n'être qu'un phénomène des médias occidentaux. Image CC Flickr dougcurran

Onze blogueurs et professionnels des médias iraniens représentatifs de différents segments du spectre politique ont répondu à un questionnaire sur les évolutions des médias citoyens en Iran depuis les élections.

Avant l’élection présidentielle de juin 2009, les piliers les plus dynamiques des médias citoyens en Iran étaient YouTube et les blogs. L’élection et la crise qui a suivi ont favorisé l’apparition de Facebook et de Twitter comme les nouveaux et principaux moyens de communication des internautes. Pendant une courte période durant les élections, le gouvernement iranien avait bloqué l’accès à Facebook, YouTube, Twitter et plusieurs autres sites internet. Certains, dont un influent blogueur islamiste [en farsi], ont parlé d’une erreur de stratégie qui a permis à l’opposition iranienne de dominer le monde virtuel. Malgré les efforts du régime pour filtrer les sites de médias sociaux, ils sont devenus une puissante plateforme de communication pour le Mouvement Vert.

L’élection présidentielle en Iran a-t-elle fait évoluer les outils et les moyens de communication des médias citoyens ? Facebook et Twitter sont-ils les acteurs dominants ? Les blogs sont-ils graduellement devenus une seconde voie pour  le partage des idées ? Quels moyens de communication les militants politiques utilisent-ils le plus ?

L’auteur de ce billet a invité un blogueur islamiste faisant autorité ; trois blogueurs “verts” ; un blogueur écologiste influent ; cinq personnalités des médias; et un blogueur militant, à participer à une enquête qui se présente sous la forme d’un questionnaire à choix multiples. Un panel de onze internautes ne sera jamais représentatif de l’entière blogosphère iranienne, mais il s’agit d’une première étape vers une meilleure compréhension.

1- Quels sont les sites que vous visitez régulièrement depuis l’élection présidentielle ?

Facebook est le préféré avec six points, Twitter dernier avec un point. Les blogs ont obtenu deux points et FriendFeed, à l’instar de YouTube, trois points.

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2- Selon vous, quels sont les sites que les militants politiques et de la société civile utilisent ?

Les blogs restent les rois avec six points, Facebook obtient trois points, YouTube deux points, FriendFeed un seul et Twitter zéro. Un seul a répondu aucun.

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Six de nos internautes considèrent que la popularité des blogs après l’élection présidentielle n’a pas changé, deux pensent qu’ils sont devenus plus prépondérants, tandis que trois jugent que leur importance a diminué.

Parmi ces derniers, deux considèrent que l’influence des blogs a diminué en raison de la popularité croissante de Facebook, le troisième explique cela par la baisse d’activité des blogueurs.

3- Quel(s) est(sont) le(s) site(s) que vous préférez pour discuter de vos sujets favoris ?

Les blogs sont cités à quatre reprises, Facebook six fois, FriendFeed trois fois et Twitter une fois.

En résumé, on constate à la lecture de cette enquête que les internautes iraniens, après l’élection présidentielle, sont devenus plus visibles, et que Facebook est devenu l’endroit à fréquenter pour beaucoup, y compris pour les responsables politiques. L’enquête démontre aussi que la prétendue “révolution Twitter” [en anglais] (tout du moins selon nos onze participants) pourrait n’être qu’un phénomène des médias occidentaux plutôt qu’une conséquence durable dans le monde virtuel iranien. Les blogs restent encore un endroit précieux mais sont en train de perdre l’intérêt des nouveaux arrivants. On peut dire qu’une certitude demeure après l’élection présidentielle, celle que rien ne sera comme avant dans la communauté iranienne, la virtuelle comme la réelle.

Billet initialement publié sur Global Voices

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