Les data en forme

Le 14 février 2012

Cette semaine la veille des journalistes de données d'OWNI fait le point sur les différentes initiatives "data" autour de la présidentielle. Plutôt un bon cru, cette année 2012, bravo aux artistes.

Un peu plus de deux mois nous séparent du premier tour de l’élection présidentielle française, et quelques heures de la probable déclaration de candidature du président sortant. Sans parler de la sortie imminente du “Véritomètre” propulsé par i>TÉLÉ et OWNI, dont on vous causera en détail à une autre occasion.

Vérifier les faits

Nous démarrons notre tour d’horizon par le Promessomètre, résurgence assumée (et assez réussie) du fameux Truth-O-Meter [en], référence absolue en matière de vérification de la parole politique sur le web. Auto-financé, d’une neutralité auto-proclamée et propulsé par cinq “simples citoyens” (et “pas des journalistes”), l’outil est structuré autour des six (présumés) (principaux) candidats. Pour chacun d’eux, la volonté de compulser de manière exhaustive l’ensemble de leurs “promesses électorales” et surtout un joli travail – quoique balbutiant à l’heure où nous rédigeons cette chronique – de “vérification d’affirmations”. Le tout réglé par un mécanisme très simple : on attrape une citation d’un candidat, on la source, on la vérifie, on justifie l’estimation qualitative attribuée à la citation en pointant vers la source ayant permis d’étayer cette estimation.

En agrémentant le site de petites fonctionnalités amusantes comme “Ils s’aiment” (les candidats qui sont d’accord sur certains sujets de la campagne) ou “casseroles” (basées sur d’anciennes promesses pas du tout tenues), les “simples citoyens” réalisent là un véritable et bel objet de présidentielle – qui devrait, lui, respecter ses promesses d’ici le 22 avril.

Autre exercice de “fact checking” réussi, dans une dimension beaucoup plus professionnelle, est la rubrique dédiée à la vérification des faits sur Vigie 2012. Cette initiative, dont l’un des artisans est également le patron du site d’actualités européennes EurActiv.fr, n’est pas des plus récentes et ne nécessite pas forcément qu’on en fasse la promotion ici.

En revanche, la rubrique “Vrai ou Faux“, qui veut analyser “la véracité des propos de chaque candidat” et qui est donc appellée à monter en puissance durant les prochaines semaines, attire notre attention pour la simplicité et l’efficacité du traitement réservée ici au discours politique. Grâce à une cinquantaine de “veilleurs et experts”, cette vigie participe à sa manière – pertinente et élégante – au grand oeuvre de scrutation de la parole politique au cours de la campagne. Reste un petit écueil, sans doute : on ne comprend pas trop où se situe le curseur dans l’exhaustivité du traitement des propos “de chaque candidat”. Un détail au coeur de ce concept bien huilé.

Comparer les programmes

Qui propose quoi” est une application sérieuse et ludique développée pour Libération – dont chacun connait l’excellent blog Désintox, dinosaure des vérificateurs de faits. La web-app, alimentée quotidiennement de parcelles discursives, permet à l’internaute de jauger sa connaissance des citations des candidats – et surtout de certains extraits de leur programme politique – et de situer sa culture politique au moyen de ce Trivial Pursuit politique. Le mécanisme du bousin est assez simpliste mais ça fonctionne. Et cerise sur le gâteau, on peut y gagner une année entière d’abonnement au journal numérique – dès lors qu’on le vaut bien. Une libération qui en vaut une autre.

Quand on parle d’efficacité et de sobriété, France Inter rentre dans la course avec “Les propositions à la loupe“. Au menu de cette petite infographie interactive du lundi, la rédaction met à l’essai “les propositions des candidats à l’élection présidentielle” en mélangeant des extraits sonores de candidats et d’experts et des données sous la forme de visualisations pédagogiques sur les thèmes de campagne – cette semaine, le temps de travail, l’éducation, la fiscalité et le logement.

Hors média, célébrons également l’arrivée remarquée parce que remarquable du site Voxe.org. Pas moins de 13 têtes pensantes pour cette plate-forme bien goupillée, permettant dans un environnement d’une extrême sobriété de comparer les programmes de deux candidats de son choix sur des thématiques précises. Philosophiquement, la démarche est très similaire au Promessomètre : “citoyenne et totalement neutre”. Les sources sont celles mises à disposition par les candidats eux-mêmes, non modifiées. Sur le modèle, on navigue ici dans un espace mieux structuré : API disponible, applications iOS et Android, financement possible grâce à Kiss Kiss Bank Bank. Et le petit détail qui rend possible une gloire méritée : le crowdsourcing, puisque chaque internaute est appelé à contribuer à l’enrichissement de la base de données. Un très beau projet, pour de vrai.

Comparer les sondages

Un bien bel objet “data” également présent cette semaine dans la veille, pondu par le Nouvel Obs : “Le comparateur des sondages“. Sans être une performance artistique ni un monstre d’originalité, cette application recueille, exploite et affiche de manière exhaustive l’ensemble des sondages disponibles durant la présidentielle et offre la possibilité sommaire mais indispensable de manipuler les candidats afin de se créer sa visualisation personnalisée. On lira au passage, également, le petit kit de survie citoyenne face aux sondages permettant de digérer autant de chiffres dissemblables, affirmant tous, pourtant, refléter l’opinion avec précision. Croire ou ne pas croire, là n’est pas la question : c’est un objet techniquement bien ficelé.

Tweet à mort, Twitamore

Et nous ne refermerons pas cette chronique hebdomadaire sans faire référence aux amoureux qui se la roucouleront douce ce soir.

Primo, ne manquez pas l’indispensable compagnon du jour pour faire le joli coeur – et un(e) nouvel(le) ami(e) sur Twitter : Twitamore [en]. C’est absolument stupide, et absolument indispensable un 14 février.

Secundo mes chéri(e)s, si vous manquez d’espoir dans l’humanité aujourd’hui, voyez ces deux-là : un buffet bien achalandé de précieux verres à cognac de toutes les formes (il faut être un peu collectionneur), une passion pour le ballet russe, une dose infinie de talent, d’humour et de poésie. Regardez bien : l’amour se cache, là, oui, voilà. Bonne nuit.

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